Les 56 députés nationalistes du SNP ont fièrement posé pour une photo de famille historique samedi dans la banlieue d'Edimbourg, en attendant de faire résonner "plus fort que jamais la voix de l'Ecosse" au Parlement de Westminster.
C'est au pied de l'immense pont ferroviaire enjambant le fleuve Forth que Nicola Sturgeon, la leader du Scottish National Party, a présenté "l'armée tartan" qui fera chanter l'accent écossais sur les bancs de la Chambre des Communes.
Réduit jusque là à une petite patrouille de six irréductibles, le SNP s'apprête à missionner au sud un contingent presque multiplié par dix, après avoir raflé 56 des 59 sièges en jeu en Ecosse lors d'une nuit révolutionnaire jeudi.
"La voix de l'Ecosse résonnera plus fort que jamais à Westminster", a tonné Nicola Sturgeon, "débordante de fierté" dans son tailleur rouge feu.
Sous un ciel menaçant, elle a souligné que le SNP allait "protéger les intérêts de l'Ecosse" et tout faire pour "mettre fin à la politique d'austérité" du gouvernement conservateur de David Cameron, fraîchement réélu.
Pas un mot en revanche sur l'indépendance, l'objectif existentiel du SNP, ou la possible tenue d'un nouveau référendum, après celui perdu en septembre dernier.
Voulue par de nombreux électeurs, une nouvelle consultation ne figurait pas au programme électoral du parti pour ce scrutin législatif. Mais la réélection de David Cameron, et sa promesse d'organiser un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne, pourrait accélérer la revendication.
"Nous allons représenter toutes les personnes de notre région, celles qui ont voté pour l'indépendance au référendum et celles qui ont voté non", a assuré Mme Sturgeon.
Rassemblés derrière elle, au pied du pont qui rejoint le fief de l'ex-Premier ministre travailliste Gordon Brown, les nouveaux députés ont applaudi à tout-rompre et Alex Salmond, ex-leader du SNP, ne s'est jamais départi de son sourire.
- "Attention Londres" -
L'impression visuelle dégagée par ce groupe bigarré, compact, assez diversifié avec 19 femmes sur 56 parlementaires, joyeux et surtout en nombre, offrait un contraste saisissant avec la mine déconfite qu'affichent les travaillistes depuis jeudi.
Rayé de la carte en Ecosse, son bastion historique, le Labour y déplore en outre la défaite de plusieurs de ses grands fauves, comme Douglas Alexander, ancien stratège du parti dont le sort évoque aujourd'hui celui des dinosaures disparus.
L'humiliation y est décuplée par le fait qu'il a été battu par une "gamine" de 20 ans, Mhairi Black, étudiante en science politiques à l'Université de Glasgow.
"Nous voulons une Ecosse plus juste. Nous allons descendre sur Londres pour représenter notre peuple. Les Ecossais aspirent au changement, nous aussi", a lancé la plus jeune députée à la Chambre des Communes depuis 1667.
Le SNP attend clairement au tournant le Premier ministre David Cameron, qui a renouvelé vendredi sa promesse de transférer de nouveaux pouvoirs à l'Ecosse et d'offrir à la région "le gouvernement de dévolution le plus puissant du monde".
"Après ce que qui s'est passé jeudi, et comme je l'ai dit à David Cameron hier au téléphone, le traitement de l'Ecosse par Westminster ne saurait être du +business as usual+", a averti Mme Sturgeon.
"Il faudra des concessions substantielles. La voix de l'Ecosse ne pourra être ignorée à Westminster", a ajouté Alex Salmond.
La région profite déjà d'une autonomie étendue en matière de santé, d?éducation, de justice et prochainement de fiscalité. Le SNP veut plus.
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