Les Britanniques se sont réveillés samedi dans un paysage politique totalement chamboulé, avec un gouvernement 100% conservateur face à trois partis en ruines, et un débat accaparé par la question du maintien du Royaume-Uni dans l'UE et le spectre de l'indépendance écossaise.
L'ampleur inespérée de la victoire de son parti, qui a obtenu la majorité absolue jeudi, ne cache cependant pas les défis immenses qui attendent le Premier ministre réélu David Cameron, confronté à la perspective glaçante d'un éclatement du pays.
Après une nuit blanche jeudi, suivie d'une journée menée au pas de course, David Cameron planchait au calme samedi sur la composition de son nouveau gouvernement.
Il a reconduit dès vendredi sa garde rapprochée dans un souci marqué de continuité, en confiant de nouveau les quatre postes clé de son cabinet à George Osborne (Finances), Theresa May (Intérieur), Philip Hammond (Affaires étrangères) et Michael Fallon (Défense).
Les autres nominations devraient être annoncées lundi, avec la possible entrée au gouvernement de Boris Johnson, le maire de Londres et successeur potentiel de David Cameron à la tête des Tories dans quelques années.
La victoire écrasante des conservateurs, combinée au fiasco d'une opposition décapitée, a dans l'immédiat renforcé le Premier ministre au-delà de toute attente.
Le fait qu'il dispose, contrairement à 2010, d'une majorité absolue lui permet de composer une équipe à sa main, sans faire de compromis.
Il pourra à la fois "caser" un plus grand nombre d'ambitieux de son parti et faire une plus grande part à la frange eurosceptique. La reconduction de Philip Hammond constitue un premier signal en ce sens.
Avec une majorité de 331 députés sur 650, le gouvernement ne sera cependant pas à l'abri d'une rébellion de son arrière-garde la plus virulente. Sept mutins pourraient suffire pour le mettre en difficulté au Parlement, notamment au sujet du référendum sur l'appartenance à l'Union européenne promis d'ici 2017.
"Le parti soutient le Premier ministre à 100% au moment d'aller défendre la Grande-Bretagne à Bruxelles et de se battre pour une UE plus efficace", a assuré à la BBC, un ténor des députés conservateurs eurosceptiques, Mark Pritchard.
- "Avancer vite" -
Cela pourrait changer, si David Cameron, dont la marge de man?uvre est étroite, ne parvient pas à contenter la soif de réforme européenne de son aile droite.
Vendredi, la Commission européenne a rappelé que la libre circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services n'était "pas négociable". Le président français François Hollande a insisté sur le fait qu'il y avait "des règles en Europe".
Dès lors, "David Cameron voudra avancer vite pour appliquer les aspects les plus controversés de son programme, tant que sa victoire est fraîche et que ses ennemis, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de son parti, sont en plein désarroi", écrit Francis Elliot, rédacteur en chef du service politique du Times.
Comme en 2010, le Premier ministre va utiliser les deux premières années de son mandat pour imposer l'essentiel des nouvelles mesures d'austérité, le plan d'économie de 30 milliards de livres, les coupes dans les aides sociales de 12 milliards, censées permettre d'éradiquer le déficit public d'ici 2018.
Il va surtout s'atteler à ses deux dossiers prioritaires: l'organisation d'un référendum sur l'UE. Et la gestion de la "question écossaise" après le triomphe du SNP, vainqueur de 56 des 59 sièges dans la région septentrionale, propre à réveiller les ardeurs indépendantistes, en Écosse et ailleurs.
"Une Nation, la mission de Cameron", titrait samedi le Financial Times.
Les deux problématiques sont en partie liées puisqu'une sortie du Royaume-Uni de l'UE pourrait précipiter celle de l'Écosse europhile du Royaume-Uni.
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