La tournée de François Hollande dans la Caraïbe a débuté vendredi sous des allures de campagne électorale à Saint-Barthélémy et Saint-Martin, deux petites îles antillaises un peu oubliées où aucun président n'était venu depuis 15 ans.
"Merci d?être ici () Merci d'avoir attendu si longtemps", a lancé le président de la République à peine posé sur l'aérodrome de Saint-Barthélémy, confetti de 21 km2 peuplé de 9.000 habitants.
La venue de M. Hollande faisait figure d'événement, 35 ans après la dernière visite présidentielle en date, celle de Valéry Giscard d'Estaing en 1980. Et l'accueil a été à la hauteur, même si "Saint-Barth", "l'île des milliardaires" au tourisme de luxe, n'a donné que 17% de ses voix à M. Hollande en 2012.
"Vive la France. On est en France ici!", ont lancé des enfants à son passage, après une Marseillaise chantée à tue-tête par une jeune chorale devant le monument aux morts. Même Christiane Taubira a récolté les lauriers de cette si longue absence. "On n'est pas toujours d'accord avec vous mais vous êtes formidable", a lancé une habitante.
"Bravo!", "continuez!" "courage!", à Saint-Martin, île binationale franco-néerlandaise où il posait le pied 15 ans après Jacques Chirac en 2000, François Hollande a pris un bain de foule comme il n'en connaissait plus depuis des mois en métropole. "Il est enfin entré dans un halo d'amour, ça fait du bien", se régalait la ministre de l'Outre-Mer George-Pau Lanvevin. "Sur ces terres éloignées l'accueil est toujours généreux", constatait, rayonnante, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, dans cette collectivité de 40.000 habitants qui ont voté à 51,5% Hollande en 2012.
En retour, celui-ci s'est efforcé de combler les attentes de ces deux collectivités devenues en 2007 des collectivités territoriales d'outre-mer (COM), émancipées de la Guadeloupe.
M. Hollande a ainsi proposé à Saint-Barthélémy, un "compromis" pour régler un contentieux fiscal entre l'Etat et l'île, né d'une situation inédite de dotation négative depuis le changement de statut. Selon ce "compromis", l'île ne rembourserait que "la moitié de sa dette, soit un effort de 20 millions d'euros".
"L'autonomie, ça ne veut pas dire que la solidarité nationale a disparu", a lui-même souligné François Hollande, devant les élus de Saint-Martin avant d'énumérer une série d'annonces : adaptation des règles concernant le RSA, qui plombe les finances de la collectivité, renforcement du contrôle de l'immigration et du nombre de gendarmes mobiles, création d'une chambre détachée du tribunal de grande instance de Basse-Terre
Un catalogue que le président a conclu par une plaisanterie : "Si le ministre des Finances était là, il commencerait à s'inquiéter de mes propos !".
- "Une main, un selfie, un bisou, égalent trois voix" -
"Une main, un selfie, un bisou égalent trois voix", la formule choc d'un conseiller du président en plein bain de foule à Saint-Martin est on ne peut plus claire. Depuis plusieurs mois le président est entré dans une stratégie de reconquête de l'opinion tous azimuts en vue de 2017.
"Il est en mouvement, il va à la rencontre des Français parce qu'il pense que c'est utile dans sa façon de présider", décrypte un proche. Et dans cette démarche, il tient "toujours deux fils: le très haut et le très proche, le solennel et le personnel, le régalien et le quotidien, l'étranger et le national".
Quitte a jouer sur la répétition des déplacements sur un thème récurrent, comme ces dernières semaines la jeunesse. "Les trois façons de faire de la politique: c'est la répétition, la répétition, la répétition", explique-il.
La tournée de cinq jours de François Hollande dans la Caraïbe, un des plus longs déplacements de son quinquennat brasse ce mélange: proximité avec les Français, grands thèmes internationaux (la mémoire de l'esclavage, le climat) et diplomatie de haut vol avec une visite historique à Cuba, sur lequel François Hollande mise pour rebondir.
A la Martinique, M. Hollande préside samedi un sommet régional sur le climat, en prévision de la COP 21 en décembre à Paris.
Dimanche en Guadeloupe, il inaugurera un grand centre de mémoire sur l'esclavage, en présence des représentants de la Caraïbe, ainsi que de plusieurs présidents africains.
Dans la foulée, il ira les 11 et 12 mai à Cuba où il sera le premier président français à se rendre en visite officielle depuis plus d'un siècle, et à Haïti.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.