François Hollande a entamé vendredi sa tournée dans la Caraïbe à Saint-Barthélemy et Saint-Martin, deux petites iles des Antilles françaises où il doit participer samedi et dimanche en Martinique et Guadeloupe à deux grands rendez-vous internationaux sur le climat et la mémoire de l'esclavage.
"Merci d?être ici () Merci d'avoir attendu si longtemps", a lancé M. Hollande, arrivé à 17h00 locales (23H00 à Paris), chaleureusement accueilli par une centaine d'habitants et touristes à la sortie du petit aérodrome de Gustavia.
La dernière visite d'un président à Saint Barthélémy remonte à celle de Valéry Giscard d'Estaing en 1980.
M. Hollande était notamment accompagné de la Garde des Sceaux Christiane Taubira, de la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal et de la ministre de l'Outre-mer George Pau-Langevin.
Dans la foulée de cette séquence antillaise, le président de la République s'envolera pour une visite historique, à Cuba puis Haïti, les 11 et 12 mai.
A Saint-Barthélemy et Saint Martin, devenues en 2007 des collectivités territoriales d'outre-mer (COM), émancipées de la Guadeloupe, le chef de l'Etat est attendu sur des revendications locales.
Saint-Barth la riche, qui n'avait voté qu'à 17% pour lui en 2012, veut trouver un accord avec l'Etat pour apurer une dette fiscale ubuesque accumulée depuis le changement de statut et propose même de participer aux dépenses de l'Etat sur son territoire (policiers, professeurs, etc).
A Saint-Martin, île binationale franco-néerlandaise, la situation est toute autre. La collectivité connaît de graves problèmes financiers dus à des difficultés à recouvrer l'impôt et surtout à une situation sociale tendue avec près de 10% des 40.000 habitants touchant le RSA. Et nombreux sont ceux qui travaillent dans la partie hollandaise sans le déclarer côté français.
- "Vague de plaintes" de descendants d'esclaves -
A la Guadeloupe, où il inaugurera le 10 mai un grand centre de mémoire sur l'esclavage, à l'occasion de la journée qui lui est consacrée, il a été devancé par plusieurs initiatives locales remettant sur le devant de la scène le sujet des réparations, auxquelles M. Hollande est opposé.
Me Roland Ezelin, avocat en Guadeloupe, a indiqué à l'AFP que "deux assignations ont été lancées devant les tribunaux de grande instance de Basse-Terre et de Pointe-à-Pitre" par "des citoyens tous descendants d'esclaves", demandant réparation à l'Etat pour le "préjudice" découlant de la traite négrière et de l'esclavage.
"Il y aura une vague de plaintes", a déclaré un autre avocat membre d'un collectif qui assure la défense des plaignants. Le Comité international des peuples noirs (CIPN) devrait prochainement se greffer à cette procédure, selon sa présidente Jacqueline Jacqueray.
De plus, un représentant local du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), Gilbert Edinval, a indiqué avoir porté plainte début avril contre l'Etat pour crime contre l'humanité, tandis que Joëlle Ursule, l'ex-chanteuse de Zouk Machine, a de son côté monté un collectif avec d'autres artistes antillais pour entamer une action similaire.
Les représentants de la Caraïbe, ainsi que les présidents du Sénégal (Macky Sall), du Mali (Ibrahim Boubacar Keïta) et du Bénin (Thomas Boni Yayi), pays de départ de la traite négrière, rejoindront François Hollande à Pointe-à-Pitre pour inaugurer le Mémorial ACTe, "le plus grand centre du monde consacré à l'esclavage", selon l'Elysée, qui aborde aussi les résistances, les modes de vie, les abolitions et les formes modernes d'esclavage.
Ce bâtiment à l'architecture moderne ambitionne de "faire vivre la mémoire et la réconcilier avec l'Histoire", selon les termes de Victorin Lurel, président PS de la région Guadeloupe, qui a porté ce projet et qui fait face à des critiques sur le coût (80 millions d'euros) et l'opportunité d'un tel lieu, loin des préoccupations quotidiennes de la population.
Auparavant M. Hollande présidera samedi en Martinique un sommet régional sur le climat, en prévision de la COP 21 en décembre à Paris.
Ce "Caraïbe Climat" accueillera une trentaine de délégations de toute la Caraïbe, dont le président haïtien Michel Martelly, 13 Premiers ministres et 6 ministres, dont sans doute un Cubain.
Les pays insulaires de la Caraïbe ne contribuent qu'à hauteur de 0,3% des émissions de gaz à effet de serre mais ressentent le changement climatique avec son corollaire de montée du niveau des eaux et renforcement des épisodes climatiques violents.
Comme lors d'un sommet dans l'océan Indien en août 2014 ou dans le Pacifique en novembre 2014, il sera question de promouvoir une solidarité géographique de la France, seconde puissance maritime mondiale, avec ses voisins des trois océans.
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