L'Arabie saoudite, aidée de ses alliés arabes, a bombardé vendredi le principal fief des rebelles chiites au Yémen en riposte aux attaques contre un secteur frontalier saoudien, quelques heures après avoir proposé une trêve humanitaire dans le pays en guerre.
En Iran, rival chiite du royaume sunnite saoudien et soutien des rebelles yéménites Houthis, des milliers de personnes ont manifesté pour dénoncer les raids de la coalition arabe mêlant aux slogans habituels "Mort à l'Amérique" et "Mort à Israël" celui de "Mort à la famille saoudienne".
Les tensions entre Téhéran et Ryad, qui accuse l'Iran d'avoir des ambitions hégémoniques dans la région, ont été exacerbées par le lancement le 26 mars de la campagne aérienne arabe destinée à empêcher les Houthis de prendre le contrôle de l'ensemble du Yémen.
Selon l'agence saoudienne SPA, la coalition a frappé de jeudi soir à vendredi à l'aube à Saada, bastion rebelle dans le nord frontalier de l'Arabie saoudite, des centres de contrôle, un site de communications et une usine fabricant des mines. Plusieurs cibles ont été "détruites".
C'est depuis cette région que les Houthis ont lancé en juillet 2014 leur offensive qui leur a permis de s'emparer de vastes zones du centre et de l'ouest de ce pays pauvre et instable de la péninsule arabique, dont la capitale Sanaa.
Les avions de la coalition ont également largué des tracts demandant aux habitants de Saada de quitter la ville, en soulignant que les routes seraient épargnées jusqu'au coucher du soleil. Un grand nombre de familles en fuite sont arrivées dans la journée à Sanaa, selon un correspondant de l'AFP.
Le conflit au Yémen a débordé au delà des frontières avec des bombardements rebelles sur la région saoudienne de Najrane qui ont tué dix civils cette semaine et des échanges de tirs qui ont coûté la vie depuis fin mars à douze militaires saoudiens.
Le porte-parole saoudien de la coalition, Ahmed al-Assiri, avait, quelques heures avant les raids à Saada, prévenu que les rebelles avaient franchi une "ligne rouge" avec leurs attaques transfrontalières. "L'équation a changé et ils vont le payer cher".
La riposte visera "tous les dirigeants (Houthis), leurs lieux de rassemblement, de commandement et leurs stratèges", avait-il averti.
- Pas de réponse rebelle -
Pourtant, quasiment au même moment, le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir annonçait jeudi à Ryad, au côté du secrétaire d'Etat John Kerry, une proposition de cessez-le-feu de cinq jours pour acheminer une aide humanitaire vitale à la population qui manque de tout.
M. Kerry a exhorté les rebelles à accepter cette initiative pour laquelle aucune date n'a été fournie.
Les Houthis n'y avaient toujours pas réagi vendredi, alors que la situation humanitaire est jugée "catastrophique" par les ONG et l'ONU en raison des pénuries de carburant qui menacent le fonctionnement des hôpitaux et la distribution des secours.
M. Jubeir a néanmoins estimé que la trêve ne pouvait se matérialiser que "si les Houthis et leurs alliés", des militaires fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, "y souscrivent, n'empêchent pas les efforts humanitaires et ne lancent pas d'agressions".
Il a de nouveau dénoncé le rôle "négatif" de l'Iran accusé d'armer les Houthis. M. Kerry s'est lui aussi dit "inquiet devant les actions déstabilisatrices de l'Iran".
- Violente diatribe iranienne -
Alors que l'Iran a de nouveau rejeté les accusations d'ingérence, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Téhéran pour dénoncer les raids saoudiens et le soutien américain à la campagne aérienne.
Une effigie du roi saoudien Salmane a été exhibée, tenant dans une main un drapeau américain et dans l'autre un drapeau israélien, alors que les organisateurs ont fustigé dans un communiqué Ryad, "la capitale du terrorisme".
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