François Hollande, célébrant vendredi le 70e anniversaire de la victoire sur le nazisme, a appelé les jeunes à s'inspirer de l'esprit de la Résistance, à l'heure de nouvelles menaces, et a salué la mémoire des victimes de la Deuxième Guerre mondiale en présence de l'Américain John Kerry.
"La période n'est plus la même, les défis sont d'une autre nature, (mais) les guerres n'ont pas disparu (même si) elles paraissent loin", a déclaré le chef de l?État en remettant les prix du Concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD) à des collégiens et lycéens.
En Ukraine, le conflit entre séparatistes prorusses et forces gouvernementales a fait plus de 6.100 morts depuis le printemps 2014. De l'Afrique au Moyen-Orient, le jihadisme gagne du terrain, menaçant directement la sécurité en Europe.
"Il y a des ressortissants français qui pour hélas vivre un embrigadement, un endoctrinement vont se perdre dans des lieux de conflit où ils peuvent même perdre la vie", a souligné M. Hollande en référence aux centaines de Français partis rejoindre les jihadistes en Syrie et en Irak.
"Il y a aussi un terrorisme qui peut nous frapper, un racisme, un antisémitisme. Il y a encore des causes qui doivent nous animer", a ajouté le chef de l?État en référence aux attentats sanglants de janvier.
Le président a souligné l'importance du travail de transmission de mémoire encore accompli par les derniers témoins de l'époque. "Ce qu'ils nous rappellent, c'est le sens même de ce que doit être l'engagement, pourquoi à un moment, dans une situation, il y a des citoyens qui considèrent que l'intérêt général, que l'esprit de la République, que la défense des libertés, tout cela vaut mieux que leur propre vie."
Un millier d'anciens combattants, résistants, déportés, ont été décorés de la Légion d'honneur dans toute la France à l'occasion du 8 mai.
Aux Champs-Élysées, le président a déposé une gerbe au pied de la statue du chef de la Résistance à Londres, Charles de Gaulle, en présence du Premier ministre Manuel Valls et de membres de la famille du général.
Puis, entouré de gardes républicains à cheval, il a remonté en voiture les Champs-Élysées pour présider la cérémonie du 70e anniversaire sous l'Arc de Triomphe, en présence de M. Kerry, secrétaire d?État américain, venu à Paris rencontrer des homologues du Golfe.
Accueilli par "La Marseillaise", M. Hollande a rendu les honneurs et passé en revue les troupes, accompagné de M. Valls et du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Il a ensuite déposé une couronne de fleurs bleues, blanches et rouges et ravivé la flamme sur la tombe du soldat inconnu, qui est depuis 1920 un lieu de mémoire aux victimes françaises des deux guerres mondiales du XXe siècle. "Le chant des Partisans", hymne de la résistance, a été ensuite été entonné, devant les quelques anciens combattants présents.
M. Kerry, visiblement très ému, s'était lui-même incliné auparavant sur la tombe du soldat inconnu, au côté de son homologue français Laurent Fabius. Il a écouté la sonnerie aux morts, main sur le c?ur.
Il est le plus francophile et francophone des secrétaires d?État américains. Sa mère, née en France au début des années 1920, de parents américains, avait été jeune infirmière à Paris en 1940. Il est aussi directement lié à la France via sa tante et son cousin germain Brice Lalonde et une maison familiale en Bretagne.
Quelques centaines de personnes, soigneusement fouillées et encadrées par un imposant dispositif policier, et formant un public clairsemé, s'étaient rassemblées sur l'avenue des Champs-Élysées.
Jean-Jacques Lubrina, 73 ans, venu pour le "côté patriotique", s'est dit déçu de voir si peu de monde.
"Je crois que dans la prolongation de ce qui s'est passé en janvier, il faut qu'on se resserre, qu'on se trouve des points communs", a estimé Jean Ruiz, un quinquagénaire du Vaucluse en visite à Paris.
Son épouse, Mireille Ruiz, s'est étonnée que les écoles n'aillent plus se recueillir pour le 8 mai. "Avant, il y avait un bouquet de fleurs qui était porté, mon fils vendait le bleuet, ça resserrait les liens entre générations."
Loretta Worthington, une Américaine venue tout droit du Nouveau Mexique, a les larmes aux yeux. Elle raconte avoir planifié ce voyage avec son fils "depuis des mois" pour être à Paris à cette date précise, en mémoire de son père qui avait combattu en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale.
Selon une étude de l?Ifop pour le journal Metronews, une grande majorité des Français (54%) estime aujourd'hui que ce sont les États-Unis qui ont le plus contribué à la défaite de l?Allemagne nazie. En mai 1945, ils étaient 57% à préférer l'URSS. La tendance s'était inversée dans les années soixante.
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