Le conservateur David Cameron a brillamment remporté des législatives britanniques aux allures de séisme: elles font planer la menace d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE, consacrent le triomphe de nationalistes écossais tentés par l'indépendance, et risquent d'être fatales à 3 des 4 principaux leaders du pays.
Conforté par un résultat aussi surprenant qu'inespéré, le leader des Tories devait rencontrer la reine Elizabeth II au palais de Buckingham en milieu de journée, pour recueillir son assentiment formel en vue de former le prochain gouvernement.
Alors qu'il restait douze circonscriptions à dépouiller sur 650, à 10H00 GMT, les conservateurs semblaient assurés d'une majorité absolue, recueillant au moins 323 députés sur 650, avec des travaillistes réduits à 239 sièges.
En Ecosse, les indépendantistes du SNP ont raflé 56 des 59 sièges de députés en jeu dans leur région autonome, jusqu'ici considérée comme un fief travailliste inexpugnable.
Les libéraux-démocrates, alliés des conservateurs dans le gouvernement sortant, étaient en déroute, menacés de finir avec moins de 10 députés, contre 56 préalablement. Leur leader Nick Clegg, 48 ans, a annoncé dans la matinée sa démission de la tête du parti, admettant des résultats "dévastateurs" pour sa formation.
Nombre d'analystes avaient prédit "un bain de sang" politique. Nigel Farage, le chef de file du parti europhobe Ukip, s'est dit "soulagé d'un grand poids sur les épaules" après sa défaite à South Thanet. Il a démissionné quelques minutes plus tard, mettant à exécution sa promesse de "tirer le rideau" en cas d'échec.
Un grand nombre d'experts et de médias estimaient qu'Ed Miliband, 45 ans, le patron des travaillistes, se trouvait lui aussi sur un siège éjectable.
Miliband a d'ores et déjà endossé "l'entière responsabilité de la défaite".
Le résultat constitue un camouflet considérable pour les instituts de sondages qui n'avaient cessé de prédire un résultat ultra serré ainsi que la déroute des deux partis traditionnels dans un paysage désormais caractérisé par le multipartisme.
Le Labour est surtout victime du tsunami nationaliste qui a déferlé sur l'Ecosse, le SNP décuplant presque sa représentation à la Chambre des Communes. "Le lion écossais a rugi cette nuit", s'est félicité son ancien leader Alex Salmond.
Le triomphe du SNP est symbolisée par l'élection de Mhairi Black, une étudiante de 20 ans qui devient la plus jeune députée de Westminster depuis 1667, aux dépens du député sortant et cadre du Labour Douglas Alexander.
Ed Balls, le bras droit de Miliband, Jim Murphy, patron du Labour en Ecosse, et Vince Cable, ancien ministre lib-dem du Commerce font partie des autres victimes de marque d'un scrutin assassin.
- Attention Brexit -
David Cameron avait été critiqué pour son manque d'engagement en début de campagne. A peine réélu il a réitéré sa principale promesse de campagne: l'organisation d'ici 2017 d'un référendum sur le maintien ou pas du pays dans l'Union européenne. Une perspective qui inquiète ses partenaires européens en raison de la possibilité d'un "Brexit" (pour "British Exit").
La nouvelle de la victoire des conservateurs s'est traduite par un bond de la livre britannique face au dollar et à l'euro vendredi sur les marchés asiatiques.
La Bourse de Londres évoluait également en hausse vendredi matin.
Une éventuelle sortie de l'UE pourrait avoir des répercussions profondes sur le maintien de l'Ecosse, largement pro-européenne, au sein du Royaume-Uni.
Toute la journée de jeudi, les militants SNP sortant de l'isoloir à Glasgow ou Edimbourg ne faisaient pas mystère de leur volonté "de revanche". Ils aspirent en effet à la tenue d'un nouveau référendum d'indépendance, après un premier rendez-vous manqué en septembre.
Il s'agit là d'une menace mon négligeable pour "David Cameron qui a sensiblement accru sa stature" selon Patrick Dunleavy, expert à la London School of Economics (LSE).
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