Le président de l'Assemblée Claude Bartolone, candidat in extremis à l'investiture PS pour les régionales en Ile-de-France, a commencé jeudi à rassembler son camp, avec le ralliement de Marie-Pierre de la Gontrie qui voulait se lancer, en attendant celui probable du président sortant Jean-Paul Huchon, qui fait durer le suspense.
"Sa candidature à été déposée à Solférino", a annoncé en début de soirée l'entourage du député de Seine-Saint-Denis, à quelques heures de l'heure limite du dépôt des candidatures. Les militants sont censés départager les candidats le 28 mai mais la direction du PS espère le retrait de M. Huchon pour éviter cette primaire.
Pour M. Bartolone, jeudi, c'était quasiment comme si c'était fait: "Je vais vivre pendant quelques semaines une schizophrénie stricte: ici je suis président de l'Assemblée, lorsque je suis à l'extérieur, je suis serai candidat - puisque pour le moment je ne suis pas désigné", a déclaré, exultant, M. Bartolone, devant la presse depuis l'Hôtel de Lassay.
Des parlementaires UMP lui ont demandé de quitter la présidence de l'Assemblée pour mener campagne, ce à quoi il se refuse. Bien au contraire, "il a négocié (avec l'Elysée) la certitude de pouvoir rester au perchoir tout en étant candidat" et après, s'il perdait le scrutin, affirment à l'AFP des responsables socialistes.
En attendant, le président de l'Assemblée a engrangé les soutiens: celui de Manuel Valls, louant "une véritable chance" pour l'Ile-de-France ou encore celui de la maire de Paris Anne Hidalgo. Les huit premiers fédéraux d'IDF, dont le vallsiste Carlos da Silva jusqu'alors au côté de M. Huchon, ont aussi appelé "au rassemblement" de tous les "socialistes de la région" pour "engager la campagne".
Mercredi, l'ancien ministre Benoît Hamon, candidat putatif, avait aussi apporté son "total soutien", suivi par Martine Aubry, qui y a vu "une formidable nouvelle".
Surtout, il a obtenu le ralliement de Mme de la Gontrie, première vice-présidente de M. Huchon, qui briguait l'investiture contre ce dernier.
Mais restait encore à connaître la décision officielle de M. Huchon, qui souhaitait partir pour un quatrième mandat. Jeudi, il ne s'est pas exprimé, après avoir déclaré mercredi qu'il allait rencontrer "dans les tout prochains jours" M. Bartolone, sans dire s'il maintenait ou non sa propre candidature.
- 'Primaire du 28 mai plus d'actualité' -
"Les choses sont pliées et M. Huchon le sait", croyait savoir un protagoniste. Le patron de la Fédération PS du Val-de-Marne Luc Carvounas estimait d'ailleurs que la primaire du 28 mai n'est "plus d'actualité".
Depuis plusieurs semaines, l'Elysée, Matignon et la direction du Parti socialiste, qui craignaient les effets désastreux du duel entamé entre M. Huchon et Mme de la Gontrie, travaillaient à la candidature d'un "troisième homme". Hésitant, M. Bartolone avait d'abord fait savoir qu'il n'était pas candidat. Avant de se décider mercredi. "Le fait que Benoît Hamon réfléchisse à une candidature a peut être contribué à déclencher sa décision", selon un conseiller ministériel.
A l'Elysée et au PS, on loue chez le député de Seine-Saint-Denis son "aura nationale", son ancrage local et sa capacité à rassembler à gauche. Il a notamment marqué des points en maintenant l'unité avec les écologistes et le PCF dans son département, aux élections de mars.
Pour autant, "il y aura bien une candidature autonome d'EELV en Ile-de-France, la candidature de M. Bartolone ne change rien", a déclaré à l'AFP Emmanuelle Cosse, candidate dans cette région.
Politiquement, s'il parvient à garder la région, M. Bartolone y trouvera aussi son intérêt: "ce qu'il gagne, c'est six ans, alors que s'il n'y va pas, il fait juste un an et demi à l'Assemblée. Et après?" demandait récemment un ministre.
"Il y va pour gagner", assurait un proche, qui ajoutait: "pour les territoires de Seine-Saint-Denis, pour les habitants abandonnés de la deuxième couronne de la Seine-et-Marne, c'est pas la même chose si c'est Valérie Pécresse (la candidate de l'UMP, ndlr) ou si c'est Claude Bartolone".
A dix-huit mois de la présidentielle, le maintien de l'Ile-de-France, première région française, dans le giron de la gauche en décembre, serait plus que bienvenu pour la majorité.
En cas de victoire se posera la question de son remplacement à la présidence de l'Assemblée nationale: parmi les éventuels noms figurait jeudi celui de l'ex-Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
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