Les indicateurs publiés jeudi en France laissent entendre que le pays a démarré l'année sur un rythme de croissance robuste, mais les économistes restaient prudents, attendant que l'investissement et l'emploi prennent le relais.
La production industrielle française dans son ensemble a baissé de 0,3% en mars, après une hausse de 0,5% en février, a annoncé l'Insee.
Mais l'Institut national de la statistique et des études économiques souligne que sur l'ensemble du premier trimestre, cet indicateur clef pour la croissance est largement positif, avec une hausse tant pour l'ensemble de l'industrie (+1,4%) que pour la seule industrie manufacturière (+0,8%), c'est-à-dire hors eau, énergie et mines.
Quant à la balance commerciale, talon faible de l'économie française, elle a aggravé son déficit de mars, à 4,6 milliards d'euros, un milliard de plus qu'en février, selon les Douanes, ce qui s'explique en grande partie par une hausse de la facture énergétique.
L'Insee doit publier le 13 mai sa première estimation de la croissance au premier trimestre. La Banque de France a déjà avancé un chiffre de 0,4%.
La publication donnera une première idée de la vigueur de la reprise en France. Le gouvernement attend une progression du Produit intérieur brut d'au moins 1% cette année, après seulement 0,4% en 2014.
A en croire l'exécutif, le chômage commencera à reculer une fois atteint un rythme de 1,5%.
Les économistes saluaient jeudi la performance dans l'industrie, mais restaient prudents pour la suite.
Dominique Barbet, chez BNP Paribas, a revu à la hausse dans une note sa prévision de croissance au premier trimestre, désormais proche de celle de la Banque de France.
Mais il voit dans la persistance du déficit commercial une "source de préoccupation", et estime qu'au deuxième trimestre, cette belle dynamique du début d'année "est en train de faiblir".
Eric Heyer, de l'Observatoire français des conjonctures économiques, souligne lui pour l'AFP que "1,4% de progression (de la production industrielle au premier trimestre) c'est tout de même un très gros chiffre", et n'exclut pas une croissance de 0,5% du PIB trimestriel.
- un stimulus "suffisamment fort" -
Mais il rappelle que le secteur de la construction reste déprimé, et précise que la reprise repose jusqu'ici sur un "choc de demande que nous ne maîtrisons pas totalement", alliant euro faible, pétrole peu cher et conditions de financement favorables.
Outre que cet environnement externe peut changer à tout moment, comme en témoignent les turbulences des marchés ces derniers jours, il reste selon l'économiste à voir si ce stimulus, couplé à la politique pro-entreprises du gouvernement, "sera suffisamment fort pour enclencher l'investissement et l'emploi".
"Si en fin d'année on ne voit pas au moins quelques frémissements de ce côté, il faudra s'inquiéter", déclare M. Heyer.
Dans le détail des chiffres, selon l'Insee, la production industrielle au premier trimestre a nettement augmenté dans l'énergie (+4,5%), mais aussi dans les biens d'investissement (+1,7%).
En mars, son fléchissement est dû surtout à un repli dans les industries extractives, énergie, eau (?2,9%).
Du côté du commerce extérieur, en mars l'excédent aéronautique et spatial s'est contracté de 0,5 milliard, "après d'importants contrats spatiaux en février et en raison d'une moindre contribution d'Airbus (avions en cours de finalisation et ventes définitives)", indiquent les Douanes, faisant allusion à des contrats spatiaux (satellites) avec la Russie et les Etats-Unis pour un total d'environ 300 millions d'euros.
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