Les Britanniques votaient jeudi à l'occasion des législatives les plus incertaines depuis quarante ans, au point que des jours voire des semaines de tractations pourraient être nécessaires avant de savoir qui, du conservateur David Cameron ou du travailliste Ed Miliband, gouvernera le pays.
De Belfast à Cardiff, d'Édimbourg à Londres, plus de 45 millions d'électeurs étaient invités à se rendre dans les 50.000 bureaux de vote disséminés à travers le pays. Les lieux sont parfois insolites, avec des urnes ouvertes dans des pubs, des écoles primaires, des églises, un bus scolaire, une caravane, un moulin à vent, et même un temple hindou.
Les "polling stations" ont ouvert leurs portes à 7h00 (06h00 GMT), et fermeront à 22h00 (21H00 GMT), heure à laquelle un premier sondage de sortie des urnes sera diffusé. Le chef de l'opposition travailliste Ed Miliband, le chef du parti europhobe UKIP Nigel Farage et la leader du SNP écossais Nicola Sturgeon ont tous trois voté avant 8h00 GMT.
Les titres de la presse londonienne soulignaient avec emphase jeudi l'incertitude du résultat, et la gravité des enjeux.
"Le jour du jugement dernier", titre ainsi le Times conservateur, avec une photo du parlement de Westminster dans un ciel d'apocalypse.
"Ne faites rien que vous regretterez", avertit le Daily Telegraph, également proche des tories.
"Cela ne pourrait pas être plus serré", constate le Guardian de gauche, qui livre le dernier sondage ICM. Il place à égalité conservateurs et travaillistes à 35%, devant l'Ukip à 11% et les libéraux-démocrates à 9%.
- Dépouillement ralenti par des Locales -
Les citoyens britanniques, les ressortissants du Commonwealth et de la République d'Irlande résidents au Royaume-Uni, âgés de 18 ans ou plus, peuvent aller glisser leur bulletin dans les urnes, après avoir coché au crayon le candidat de leur choix. Ils sont 3.971 en lice à l'échelon national.
Seuls les Lords et les prisonniers ne peuvent pas voter, tandis la reine Elizabeth II s'abstient d'exercer son droit de vote, en vertu de sa neutralité.
Les premiers résultats sont attendus aux alentours de minuit. La tenue en parallèle d'élections locales dans tout le pays, sauf à Londres et en Écosse, ralentira le dépouillement.
Les analystes scruteront tout particulièrement l'issue du scrutin dans quelque 100 "marginals", les circonscriptions critiques susceptibles de basculer d'un camp à l'autre.
Les principaux dirigeants vivront dans leurs fiefs respectifs cette nuit blanche. Le Premier ministre sortant, David Cameron, 48 ans, et Ed Miliband, 45 ans, sont tous deux susceptibles de revendiquer la victoire aux premières heures de la journée de vendredi, si le résultat est aussi serré qu'attendu.
Il faudra sans doute attendre l'après-midi pour connaître le résultat définitif au plan national.
Dans le cas probable où aucun des deux grands partis n'obtient la majorité absolue de 326 sièges à la chambre des Communes, des tractations commenceront immédiatement avec les plus petites formations, ravies de se voir transformées en "faiseurs de roi".
- Combinaison gagnante -
En 2010, cinq jours avaient été nécessaires pour aboutir à la formation d'un gouvernement de coalition entre conservateurs et libéraux-démocrates. Mais cette fois, les experts envisagent des négociations autrement plus compliquées et longues, avec à la clef une combinaison politique qui pourrait être instable.
Le parti centriste des Lib-dems emmenés par le vice-Premier ministre Nick Clegg, est bien placé, comme en 2010, pour offrir ses services à droite ou à gauche, s'il conserve suffisamment de sièges pour faire la différence.
A la gauche du Labour, les nationalistes écossais du SNP espèrent multiplier par 8 leur présence à Westminster, en raflant une cinquantaine des 59 circonscriptions que compte l'Écosse.
Mais une alliance avec le SNP serait sulfureuse pour le Labour, parti unioniste, le but du parti écossais restant à terme l'indépendance de la région septentrionale du Royaume-Uni.
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