Hélios Azoulay, 39 ans, a pris un tournant dans sa carrière il y a huit ans. Ce compositeur-clarinettiste haut en couleurs, fondateur d'un original ensemble de musique incidentale, et passionné d'Histoire depuis tout petit, redécouvre cette dernière sous un angle inédit : "J'ai appris par hasard que les prisonniers jouaient de la musique dans les camps de concentration." Un fait encore largement méconnu du grand public. Tout ce répertoire musical inexploré, Hélios Azoulay et ses musiciens les font revivre sur scène tous les 8 mai, date de commémoration de la victoire des Alliés.
Des valises de trésors
Pourtant, l'ampleur du phénomène n'est pas négligeable : "3000 partitions ont été retrouvées depuis cette époque. C'est impensable." Des partitions qui viennent des camps où un semblant de vie a pu s'esquisser, comme à Terezin, où des opéras ont été composés. Même à Auschwitz, pendant deux-trois ans, des musiques y furent jouées. La transmission de ces musiques se fait dans des conditions terribles : "Quand les prisonniers savaient qu'ils allaient mourir, ils mettaient leurs oeuvres dans une valise." Des valises qui renferment des trésors. Certains ont été redécouverts dans les années 1990, un demi-siècle après les faits.
Du rire aux larmes
Apprendre que des musiques étaient jouées dans les camps peut étonner. En connaître la teneur peut également surprendre : "On y jouait des berceuses yiddish comme des opéras ou des pièces de piano. Toutes ces oeuvres possèdent la même densité, toute hiérarchie entre genres y a été abolie." Des airs sombres ont pu y être composés comme des hymnes à la joie, à l'espoir. C'est cette diversité que veut retranscrir Hélios Azoulay sur scène : "Bien sûr, il y a des moments où l'on pleure. Mais d'autres aussi où l'on rit."
Un ovni culturel
Un humour de résistance que l'artiste plébiscite puisqu'il va même jusqu'à raconter, sur scène, les blagues que les Juifs s'adressaient sous l'occupation hitlérienne. Une soupape de décompression qui peut éviter au spectacle de se transformer en un hommage trop funèbre. Par ce spectacle - "Ce n'est ni un concert, ni une conférence, ni une pièce", dixit l'auteur - Hélios Azoulay espère faire oeuvre utile. Alors que le musicien croit qu'un certain apprentissage de l'Histoire a fait son temps, il en appelle à l'art pour sensibiliser les jeunes générations : "La musique a un pouvoir direct sur l'âme, elle permet de rentrer en connexion avec le destin d'un homme." De milliers d'hommes même, qui, de 1940 à 1945, continuèrent à jouer. Leurs notes nous sont aujourd'hui parvenues.
Pratique. Vendredi 8 mai, à 20h30, salle Sainte-Croix-des-Pelletiers, Rouen. Samedi 9 mai, à 20h30, église Notre-Dame à Freneuse. Spectacle "Même à Auschwitz".
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