Les monarchies du Golfe ont fait bloc face à l'Iran lors d'un sommet mardi en Arabie saoudite, marqué par le début d'un "partenariat spécial" avec la France.
Le président François Hollande était "l'invité d'honneur" du sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG), devenant ainsi le premier chef d'Etat occidental à participer à une telle réunion aux côtés des dirigeants d'Arabie saoudite, de Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman et du Qatar.
Cinq des six Etats du CCG se sont alliés fin mars avec quatre autres nations arabes pour freiner l'avancée de rebelles chiites au Yémen et contrer ce qu'ils perçoivent comme une tentative de mainmise de l'Iran sur ce pays de la péninsule arabique.
A l'ouverture du sommet, le roi Salmane d'Arabie saoudite a fait une allusion à peine voilée à l'Iran chiite, considéré comme le principal rival régional des pays sunnites du Golfe.
Il a dénoncé une menace extérieure qui "vise à étendre le contrôle et à imposer son hégémonie" sur la région "par la sédition confessionnelle".
La guerre au Yémen --où une coalition sous commandement saoudien poursuit des raids aériens contre les rebelles Houthis, soutenus par Téhéran-- constituait la toile de fond du sommet de Ryad.
Pour preuve, la ville frontalière saoudienne de Najrane a été touchée mardi par des obus de mortier et des roquettes Katioucha tirés par des miliciens Houthis, provoquant d'importants dégâts. Ryad a promis de riposter.
M. Hollande s'est inquiété lors du sommet de la "déstabilisation" du Yémen et a réaffirmé "l'engagement de la France" aux côtés des pays du Golfe, majoritairement sunnites.
Ces derniers mois, les pétromonarchies, à commencer par l'Arabie saoudite, ont loué la fermeté française dans les négociations avec Téhéran sur son programme nucléaire, soupçonné de dissimuler des fins militaires.
Elles se sont inquiétées parallèlement d'un éventuel rapprochement entre l'Iran et les Etats-Unis, dont le secrétaire d'Etat John Kerry est attendu mercredi en Arabie saoudite.
Elles se sont senties trahies à au moins deux reprises quand, en 2011, les Américains ont soudainement lâché l'ex-président égyptien Hosni Moubarak et en 2013, lorsqu'ils ont renoncé in extremis à intervenir contre le régime syrien de Bachar Al-Assad.
- Nécessité d'un accord "contraignant" -
Dans une déclaration conjointe lundi soir après une rencontre entre M. Hollande et le roi Salmane, les deux parties ont évoqué le dossier nucléaire iranien, insistant sur "la nécessité de parvenir, avant le 30 juin, à un accord robuste, durable, vérifiable, incontestable et contraignant pour l'Iran" qui doit "garantir" que ce pays n'ait pas la bombe atomique.
Dans leur communiqué final mardi, les dirigeants du CCG ont espéré que l'accord définitif, susceptible d'être conclu avec l'Iran, "garantisse le caractère pacifique du programme nucléaire iranien" et soit "conforme à toutes les règlementations internationales".
Sur le Yémen, les leaders du Golfe ont "accueilli avec satisfaction" une décision du président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi de "convoquer un congrès sous les auspices du secrétariat général du CCG le 17 mai à Ryad, auquel prendraient part toutes les parties yéménites qui soutiennent la légitimité, la sécurité et la stabilité du Yémen".
M. Hollande a partagé la position saoudienne sur la nécessité d'organiser cette conférence inter-yéménite "à Ryad", alors que les rebelles et l'Iran rejettent l'idée de négociations sous l'orbite saoudienne.
La France a spectaculairement resserré ses liens avec les monarchies du Golfe lors de la visite de M. Hollande, marquée par la vente du Rafale au Qatar et la perspective de "dizaines de milliards d'euros" pour 20 projets avec l'Arabie saoudite.
Dans un communiqué conjoint, "les dirigeants du CCG et la France soulignent que la rencontre de Ryad est le point de départ d'un partenariat spécial" entre eux.
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