Le Premier ministre conservateur David Cameron et son rival travailliste Ed Miliband ont sillonné mardi le Royaume-Uni dans une ultime tentative de rallier les électeurs indécis, à deux jours de législatives annoncées comme les plus serrées en 41 ans.
Selon une enquête d'opinion rendue publique par le tabloïd The Sun, les Tories comme le Labour obtiendraient 33% des voix, un score peu ou prou identique à ceux prédits dans les autres sondages réalisés depuis le début de l'année.
La faute, peut-être, à une campagne électorale guère enthousiasmante, ni M. Cameron ni M. Miliband n'étant parvenus à générer un engouement significatif en leur faveur, dans un contexte général de défiance envers les politiques.
Sans majorité absolue au Parlement au lendemain du 7 mai, les chefs des deux principaux partis britanniques se retrouveraient devant l'obligation de nouer des alliances avec les petites formations politiques pour constituer un gouvernement.
Pour tenter d'éviter un tel scénario, ou tout du moins apparaître en position de force au moment de négocier de tels accords, David Cameron et Ed Miliband multipliaient les déplacements destinés à convaincre les indécis, dont le poids est évalué à près de 20%.
Le Premier ministre, qui vise un deuxième mandat après son élection en 2010, était attendu en fin d'après-midi à St. Ives, dans les Cornouailles (sud-ouest), tandis que le chef de l'opposition s'est rendu à Birmingham (centre).
"La Grande-Bretagne est confrontée à un choix évident jeudi : entre un gouvernement travailliste qui mettra les travailleurs en premier et un gouvernement conservateur qui oeuvrera seulement pour les privilégiés", a martelé M. Miliband.
Le dirigeant travailliste a une nouvelle fois mis en avant les "promesses non tenues" des conservateurs sur le NHS, le service public de santé si cher aux Britanniques "en grave danger", selon lui.
De son côté, M. Cameron devait à nouveau agiter le risque à ses yeux d'une éventuelle alliance entre le Labour et les Écossais du
SNP, parti indépendantiste de gauche, en passe de remporter une cinquantaine de sièges.
"Il n'est pas difficile d'imaginer le chaos que provoquerait l'arrivée d'Ed Miliband au pouvoir", devait dire le Premier ministre, selon son entourage.
Dans la même veine, le ministre des Finances conservateur George Osborne a estimé qu'une victoire du Labour annulerait en "cinq minutes" cinq années de réformes, alors que les Tories ont axé leur campagne sur le redressement de l'économie britannique, acquis, affirme l'opposition, au prix d'un accroissement des inégalités.
La plupart des investisseurs relativisent toutefois l'ampleur du choc que représenterait le retour de la gauche, et font valoir que les conservateurs, avec leur promesse d'organiser un référendum sur une éventuelle sortie de l'Union européenne (UE), sont également porteurs d'incertitudes.
- Un deuxième scrutin avant Noël ? -
Au départ assez flou sur l'éventualité d'une alliance avec le SNP, Ed Miliband s'est montré bien plus catégorique en ces derniers jours de campagne : il a promis qu'il ne passerait "pas de marché" avec les nationalistes écossais dont le but reste l'indépendance de l'Écosse.
Les partenaires de coalition les plus respectables, tant pour les Tories que pour les travaillistes, restaient donc les Libéraux-démocrates emmenés par Nick Clegg, qui ont gouverné avec les conservateurs à partir de 2010.
Longuement cuisiné sur le sujet sur la radio BBC4, le vice-Premier ministre Nick Clegg a indiqué qu'il discuterait en priorité avec le parti ayant reçu "le meilleur mandat", soit le plus de sièges. Quel que soit le vainqueur, Conservateurs ou Labour.
Le leader des Lib-dems, qui sont en passe de payer leur présence au gouvernement ces cinq dernières années par la perte d'environ la moitié de leurs sièges, a mis en garde contre la constitution d'un gouvernement minoritaire qui n?inclurait pas son parti.
"La dernière chose dont la Grande-Bretagne a besoin est un deuxième scrutin avant Noël", a-t-il averti.
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