Corey Ascolani, un Américain passionné de trekking, se souvient de "rochers gros comme des camionnettes" s'abattant sur les bâtiments du village du Népal où il s'est retrouvé coincé pendant cinq jours après une avalanche déclenchée par le séisme meurtrier.
"Il était très difficile de dormir, je me souviens avoir ressenti chaque vibration du sol. Mes nerfs étaient à vif, je n'ai dormi qu'une heure la première nuit", dit-il à l'AFP à Katmandou en faisant le récit de ses cinq jours dans le Langtang.
Cette région a été l'une des plus touchées par le séisme du 25 avril survenu au plus fort de la saison de trekking, prenant au piège des centaines de touristes et de Népalais dans des zones accessibles uniquement à pieds ou par hélicoptère.
Selon les autorités locales, 60 corps donc ceux de 13 étrangers ont été retrouvés mais le bilan reste encore incomplet. Il pourrait y avoir 150 Népalais et une centaine de touristes ensevelis dans le village de Langtang, où habitent 400 personnes, selon leurs estimations.
L'ancien professeur d'anglais de 34 ans s'était arrêté à une échoppe de thé dans le village de Bamboo, près du début du sentier quand le sol a commencé à trembler, provoquant la chute d'énormes rochers sur les parois des falaises des deux côtés de la gorge.
"Nous courions en tous sens, les rochers continuaient de tomber et nous avions l'impression de ne pouvoir nous réfugier nulle part", a dit Ascolani. "C'était d'immenses rochers gros comme des camionnettes qui ont détruit des bâtiments et coupé des arbres en deux".
Avec 60 autres touristes et 20 Népalais, il s'est retrouvé pris au piège dans cette gorge, impossible à fuir en raison des chutes permanentes de pierres. Tous se sont réfugiés sous des bâches tendues entre des arbres.
Ils ont fait bouillir de l'eau boueuse de la rivière, filtrée avec des bouteilles de plastique et de la gaze. Ils ont aussi fabriqué des toilettes, installant des bâches et une chaise en plastique avec un trou, Ascolani faisant appel à ses souvenirs de l'émission américaine de téléréalité "Survivor".
- Tout a été emporté -
L'un des randonneurs, israélien, avait un appareil de messagerie satellite qui leur a permis de contacter leurs proches et ils ont même concocté un gâteau d'anniversaire pour un Français.
Un étudiant néerlandais a soigné deux Népalais blessés par des chutes de pierres et le groupe a confectionné un héliport de fortune, dessinant un cercle avec du sable et des pierres et traçant un H avec des feuilles.
Au troisième jour, un hélicoptère s'est posé mais son pilote a dit n'être là que pour sauver des Japonais. Quelques heures plus tard, même schéma avec deux hélicoptères israéliens mais les randonneurs ont protesté et obtenu l'évacuation des deux Népalais blessés.
Finalement, 36 heures plus tard, c'est un hélicoptère américain repéré par Ascolani qui a emmené tous les randonneurs en lieu sûr.
Des images de la BBC montraient mardi des scènes de dévastation avec des maisons rasées et des corps étendus sur des bâches, dans un paysage de montagnes aux cimes enneigées et parsemé de stupas tibétains.
Selon les services du Tourisme népalais, plus de 550 randonneurs s'étaient enregistrés pour un trekking dans le Langtang à partir de la mi-avril. De nombreux étrangers et Népalais sont toujours recherchés, les familles s'activant sur les réseaux sociaux pour retrouver leur trace.
Selon Uddhav Bhattarai, un responsable du district où Langtang est situé, il est impossible de savoir combien de touristes ont été tués ou sont toujours manquants dans cette zone.
"Il n'y a plus aucune guesthouse là-bas, elles ont toutes été emportées par l'avalanche", dit-il. "Il y en a encore à proximité mais plus dans le village de Langtang".
Ascolani s'est dit "heureux et soulagé de rentrer bientôt à la maison" et a créé un site internet pour récolter des fonds pour les secours au Népal.
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