L'Italie a appelé lundi l'Union européenne à prendre des "mesures significatives" face au flux ininterrompu des migrants en Méditerranée, après que quelque 6.000 d'entre eux ont été secourus en un seul week-end.
"Le sommet de l'UE (en avril, ndlr) a finalement confirmé le caractère européen du problème des migrants en Méditerranée, mais nous avons maintenant besoin de mesures significatives", a ainsi dit le ministre italien des Affaires étrangères Paolo Gentiloni dans un entretien téléphonique avec le commissaire européen chargé de l'Immigration Dimitris Avramopoulous, selon Rome.
"En particulier, l'Italie attend non seulement le renforcement de Frontex (l'agence européenne chargée de la surveillance des frontières extérieures de l'espace Schengen, ndlr), mais aussi un engagement économique extraordinaire de la part de l'Union européenne pour aider à faire face aux besoins urgents liés à l'accueil des migrants", a poursuivi M. Gentiloni, cité par son ministère.
Et de souligner qu'"une urgence européenne ne peut continuer à n'avoir que des réponses italiennes".
Frontex, qui gère Triton, l'opération européenne de surveillance et de secours en mer, a pour sa part annoncé lundi avoir intensifié ses opérations en Méditerranée.
"Nous travaillons à augmenter le nombre des bateaux et des avions. Nous avons demandé et obtenu la confirmation de pays européens, dont la France, concernant l'envoi de leurs unités", a déclaré à l'AFP Ewa Moncure, la porte-parole de Frontex, dont le siège se trouve à Varsovie.
Deux navires de la marine de guerre allemande ont ainsi accosté en Crète pour participer à l'aide au secours des migrants en Méditerranée.
A la suite d'une série de naufrages ayant fait plus de 1.200 morts en avril, les dirigeants européens réunis en sommet extraordinaire le 23 avril ont décidé de renforcer la présence de l'UE en mer en triplant le budget de Triton, qui était jusqu'alors de trois millions d'euros par mois.
- La Libye annonce l'arrestation de 7.000 migrants illégaux -
La Libye, d'où partent la très grande majorité de ces migrants, a elle aussi appelé à l'aide les pays voisins et européens.
Dans le même temps, 7.000 candidats au départ, pour la plupart originaires d'Afrique, y ont été arrêtés (ou au large de ses côtes) au moment où ils tentaient de rejoindre par mer l'Europe, a affirmé lundi un responsable relevant du gouvernement parallèle formé à Tripoli après la prise de la capitale libyenne en août 2014 par une coalition de milices appelée Fajr Libya (le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale est installé dans l'est). Tous ont été placés dans des centres de rétention.
Quant aux quelque 6.000 immigrés -un des chiffres les plus élevés ces dernières années- récupérés ce week-end en Méditerranée, plus de la moitié sont arrivés lundi en Italie, a annoncé la Marine, selon laquelle une petite fille a vu le jour à bord d'un patrouilleur, le Bettica, sa mère ayant ressenti les premières douleurs peu de temps après avoir embarqué sur les côtes libyennes. Toutes deux, admises à l'hôpital sitôt arrivées sur le territoire italien, se portent bien.
D'autres n'ont pas eu cette chance. Dix migrants ont été retrouvés morts à bord de plusieurs embarcations de fortune, le nombre total des personnes qui ont perdu la vie depuis le début de l'année en Méditerranée dépassant désormais 1.750.
Un premier groupe de près de 900 migrants, essentiellement des Somaliens et des Erythréens, a débarqué dans le port de Pozzallo, près de Raguse, en Sicile. Plusieurs autres navires de guerre sont par ailleurs arrivés dans la journée avec près de 2.000 migrants, à Reggio Calabria (sud-ouest), Messine et Augusta en Sicile ou sur l'île italienne de Lampedusa, au large de la Tunisie.
Les garde-côtes et la marine italienne ont multiplié les sorties en mer ce week-end. Et pour la première fois samedi, le patrouilleur français Commandant Birot a participé aux opérations, secourant 219 migrants.
L'envoi de ce navire était prévu de longue date, a affirmé lundi la Commission européenne, pour qui le renforcement de Triton n'a pas encore débuté. Les 28 membres de l'UE n'ont toujours pas définitivement adopté le nouveau dispositif qui prévoit notamment l'extension de la zone géographique d'action des navires engagés.
Selon le porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Rome, Flavio Di Giacomo, les décisions prises le 23 avril par les dirigeants européens après les hécatombes parmi les migrants en Méditerranée les jours précédents n'ont encore eu aucun effet.
"L'immense majorité des interventions de ce week-end a été réalisée par les Italiens, ou des navires marchands gérés par le centre opérationnel des gardes-côtes", a-t-il expliqué à l'AFP.
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