Deux manifestants protestant contre la candidature du chef de l'Etat burundais Pierre Nkurunziza à un troisième mandat ont été tués par balles lundi à Bujumbura dans des affrontements avec la police, a annoncé une figure de la société civile en pointe dans le mouvement de contestation.
"Depuis ce matin, il y a au moins deux personnes qui ont été tuées par balles par la police", a déclaré à l'AFP le défenseur des droits de l'Homme Pierre Claver Mbonimpa.
"Et il y a eu beaucoup, beaucoup de blessés", a-t-il ajouté.
Des journalistes de l'AFP ont vu au moins huit manifestants blessés par balle lundi dans deux quartiers de Bujumbura, ainsi que deux policiers au moins blessés par des jets de pierre. Des témoins ont fait état d'autres manifestants blessés par balles dans d'autres quartiers de la capitale.
Ces deux nouveaux morts portent à 11 le nombre de personnes tuées dans des violences depuis le début des manifestations contre un troisième mandat de Pierre Nkurunziza, débutées le 26 avril.
Huit d'entre elles sont des opposants tués dans la répression du mouvement. Deux policiers et un soldat ont aussi perdu la vie.
"C'est grave ce qu'il se passe aujourd'hui, les manifestants sont traités comme des terroristes comme l'avait dit le ministre de l'Intérieur", a ajouté M. Mbonimpa.
Samedi, le gouvernement burundais avait qualifié les manifestations d'"entreprise terroriste", accusant les auteurs d'attaques à la grenade qui ont coûté la vie aux deux policiers d'être liés à la contestation anti-troisième mandat.
Après une trêve de deux jours, les protestations, interdites par le gouvernement, ont repris lundi dans la capitale de ce petit pays d'Afrique des Grands Lacs.
Les manifestants dénoncent la désignation de Pierre Nkurunziza, élu une première fois en 2005 par le Parlement et une deuxième fois en 2010 au suffrage universel, comme candidat de son parti le Cndd-FDD à la présidentielle du 26 juin.
Les opposants à un troisième mandat le jugent anticonstitutionnel et contraire à l'accord d'Arusha qui avait ouvert la voie à la fin de la longue guerre civile (1993-2006) et limite à deux les mandats présidentiels.
Le camp Nkurunziza juge la démarche parfaitement légale et a demandé à la Cour constitutionnelle de trancher. Cette dernière, jugée inféodée au pouvoir par les manifestants, doit se prononcer dans les jours à venir.
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