La plaque posée à Bagneux (Hauts-de-Seine), ville de son calvaire, en mémoire d'Ilan Halimi, jeune Juif tué en 2006 par le "gang des barbares", a été retrouvée brisée, très vraisemblablement après un acte de vandalisme qui provoquait dimanche l'indignation.
C'est par un courriel reçu samedi en fin d'après-midi que la maire de Bagneux, Marie-Hélène Amiable, a appris la nouvelle: un promeneur du Parc Richelieu, au centre de la ville, lui envoie la photo de la plaque brisée.
"Ilan Halimi, victime de la barbarie, de l'antisémitisme et du racisme", pouvait-on lire sur la stèle, posée au pied d'un jeune chêne planté lors d'une cérémonie de commémoration en 2011, après le procès du gang des barbares, dont le chef, Youssouf Fofana, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
Elle demande alors à un agent municipal de la retirer et, dimanche matin, va porter plainte. Dans la foulée, une enquête pour "dégradation volontaire" a été ouverte et confiée au commissariat de Bagneux, a indiqué le parquet de Nanterre à l'AFP
"Il n'y a pour l'instant aucun élément d'identification", a précisé le parquet, qui estime que la dégradation "paraît être un acte volontaire" sans pouvoir être "complètement affirmatif".
Marie-Hélène Amiable s'est déclarée "extrêmement choquée" par cet acte "scandaleux et inacceptable".
"La plaque sera changée dès que possible lundi", a-t-elle assuré à l'AFP. "Pour notre ville, c'est un symbole extrêmement fort". Les policiers, à qui la mairie a apporté la plaque, "penchent pour l'instant pour des jets de pierres", a-t-elle confié.
Dans ce bastion communiste des Hauts-de-Seine, qu'elle dirige depuis 2004, Mme Amiable a assuré dans un communiqué "la famille d?Ilan Halimi et la communauté israélite de Bagneux - où vivent une cinquantaine de familles de confession juive - de (sa) sympathie et de (sa) vigilance sans faille face à de tels actes".
C'est dans une cité populaire de la ville qu'Ilan Halimi avait été torturé trois semaines durant, après avoir été enlevé. Le jeune vendeur de téléphones portables, 23 ans, avait été retrouvé agonisant au bord d'une voie ferrée dans l'Essonne, nu, bâillonné et menotté. Il était mort lors de son transfert à l'hôpital.
- La famille avait choisi Israël pour Ilan -
Dès l'annonce de cette très vraisemblable détérioration volontaire, les réactions se sont accumulées.
"Quelles que soient les causes de cette dégradation, () elle constitue un choc pour la famille et les proches d'Ilan Halimi", a souligné dans un communiqué le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, qui les assure de "sa détermination à ce que l'enquête permette rapidement que toute la lumière soit faite".
Sur Twitter, où le hashtag #IlanHalimi était l'un des plus partagés dimanche, Nicolas Sarkozy a exprimé sa "consternation". "La barbarie dont il a été victime n'a pas suffi. Intransigeance face à de tels actes. Pensées pour ses proches", a ajouté l'ancien président.
"Détruire la plaque en hommage à #IlanHalimi est une honte. Honorons sa mémoire en redoublant de détermination face à l'antisémitisme", a réagi pour sa part Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste.
A l'initiative en 2013 du "Prix Ilan Halimi contre l'antisémitisme", le conseiller départemental PS de l'Essonne Jérôme Guedj a adressé sur le réseau social ses pensées "à Ruth - la mère d'Ilan -, à ses soeurs".
Jack Lang, sur Radio J, a fait part de son "écoeurement". "C'est répugnant, il y a dans notre pays un antisémitisme qui est assez vigoureux", a souligné le président de l'Institut du Monde arabe, appelant à "une révolution de l'éducation".
Pour l'enterrement, Ruth Halimi, la mère d'Ilan, avait préféré Israël à la France. Elle pensait qu'"au moins là-bas son fils pourrait reposer en paix. Malheureusement les craintes qu?elle avait étaient justifiées", a regretté sur BFM TV Francis Szpiner, l'avocat de la famille.
Pour lui, Youssouf Fofana a été "le précurseur" d'Amédy Coulibaly, qui a tué quatre juifs début janvier dans un magasin casher de Paris.
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