Le foot avec les copains, "son sourire charmeur" pour désarmer ses professeurs et "ses blagues" pour remonter le moral: plusieurs centaines d'habitants de Trappes (Yvelines) ont rendu hommage samedi à Moussa, 14 ans, tué la veille dans une fusillade.
"Petit Soldat Moussa, 01.05.2015". Au dos de son tee-shirt, une camarade de Moussa, abattu vendredi d'une balle dans l'abdomen, voulait rappeler que son ami était un "courageux, toujours là pour aider ses amis dès qu'ils avaient des ennuis".
Haut comme trois pommes mais "très fort mentalement", ajoute une autre camarade, qui le voit encore "faire des blagues pour remonter le moral des autres". Un altruisme qui l'a conduit à siéger au conseil municipal des jeunes de la commune, bien loin des services de police dont il était "totalement inconnu", indique le parquet de Versailles.
Plus loin, ceux de "la bande de Cocteau", du nom de l'école primaire, se serrent les coudes sous leurs parapluies. Les anciennes institutrices de Moussa se souviennent de "son sourire qu'on n'oublie pas", et qui les désarmait tant. "On ne pouvait pas se mettre en colère contre lui", glisse l'une d'elles, qui décrit "un très bel élève, sociable, serviable, charmeur".
La veille du drame, Moussa était revenu d'un séjour en Auvergne organisé par son collège pour réviser le brevet pendant ses vacances. "Sa maman, c'était tout pour lui, il travaillait beaucoup pour qu'elle soit fière", raconte une amie.
Dans le quartier Albert-Camus, Moussa était facilement repérable: toujours à taper la balle pour un foot avec les copains. "On s'était donné rendez-vous pour jouer ensemble vendredi. Il est mort avant de nous rejoindre", soupire, le visage fermé, l'un de ses amis.
Sur Twitter, le hashtag #RIPMoussa était encore l'un des sujets les plus partagés samedi. Parmi les messages de soutien, les "prières" adressées par l'humoriste Omar Sy, passé par le même collège que l'adolescent et "l'immense tristesse" du célèbre rappeur La Fouine.
- Les suspects toujours en fuite -
Samedi, les "deux suspects", qui avaient pris la fuite à bord d'une Renault Clio noire, "volée il y a un mois en Seine-Saint-Denis", avant de l'abandonner et de l'incendier quelques kilomètres plus loin, n'avaient toujours pas été identifiés, a indiqué à l'AFP le parquet de Versailles.
Selon un témoin entendu par les enquêteurs, "le tireur est descendu de voiture avant de tirer en rafale", vraisemblablement à "l'arme automatique" de calibre 9 mm.
L'hypothèse privilégiée par les enquêteurs est celle d'une vengeance nourrie par "des rivalités de quartiers, Léo-Lagrange et Albert-Camus", explique le parquet. "Il y a trois semaines, un homme de l'une de ces deux bandes a été blessé au pied par balle", ajoute cette source.
Depuis début avril, de nombreux heurts et rixes ont eu lieu dans la ville sur fond de guerre de territoires. Des coups de feu avaient même retenti il y a deux semaines sur ce même square Albert-Camus.
Dans toutes les têtes des quelque 300 Trappistes rassemblés devant l'espace jeunes Anatole France, la crainte des représailles. "Les jeunes veulent se venger, ils disent +ceux qui ont fait ça vont payer+", rapporte Mohamed Kamli, président du Collectif citoyens de Trappes.
"Le quartier a été abandonné, il n'a pas vu un seul éducateur depuis dix ans", peste cet ancien élu d'opposition, qui ne mâche pas ses mots contre la mairie "qui n'a rien fait" pour éviter le drame, selon lui.
"Il ne peut pas y avoir de vengeance, de haine, d'assassinat", a martelé le maire PS de Trappes Guy Malandain, après avoir rencontré pendant une heure et demie les familles de Moussa et de son ami blessé légèrement à une jambe et sorti de l'hôpital. "Ce qui s'est passé, c'est insupportable, c'est inhumain, c'est du barbarisme."
Lundi, une marche blanche partira de la place du Marché à 18h00 et rejoindra les lieux de la fusillade pour y déposer des fleurs, a confirmé le maire. Mais pour l'une de ses camarades, Moussa "n'est pas mort". "Je crois encore que je vais le voir à l'école lundi".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.