La police de Baltimore a procédé vendredi soir face à l'Hôtel de ville à une série d'arrestations de manifestants qui ont bravé le couvre-feu pour protester contre la mort d'un jeune Noir, blessé dans un fourgon de police, ce qui avait déclenché de violentes émeutes dans cette ville de l'est des Etats-Unis.
Les manifestants avaient formé un cordon devant les forces de police malgré l'annonce de poursuites contre six policiers, y compris pour meurtre ou homicide pour quatre d'entre eux.
Les arrestations ont eu lieu alors que la soirée était calme, les rues de la ville étant clairsemées à l'approche du couvre-feu, entré en vigueur à 22h00 (02h00 GMT) pour la quatrième nuit consécutive.
"Les officiers de police ont interpellé des manifestants qui refusaient de quitter les lieux après l'entrée en vigueur du couvre-feu", a déclaré le département de la police de Baltimore dans un Tweet. "J'ai été arrêté injustement. C'est ma ville. Cette police n'habite pas ici, moi si", a déclaré un manifestant à la chaîne CNN.
Auparavant, partis de l'hôtel de ville, les manifestants avaient réclamé "justice pour Freddie Gray", 25 ans, mort le 19 avril des suites d'une blessure "grave" lors de son transport le 12 avril sans ceinture, pieds et mains liés, à plat ventre dans un fourgon de police.
Depuis la mort du jeune homme, Baltimore est le théâtre de manifestations quotidiennes qui ont viré lundi aux émeutes.
En fin d'après-midi, à l'approche de policiers chargés de surveiller le défilé, des manifestants avaient lancé: "envoyez ces policiers en prison, tout ce foutu système est sûrement coupable". "Arrêtez l'occupation de Baltimore", a crié un autre.
D'autres brandissaient des pancartes où on pouvait lire "Merci madame Mosby", du nom de la procureure du Maryland Marilyn Mosby qui a annoncé plus tôt dans la journée des poursuites contre les six policiers, y compris pour meurtre ou homicide contre quatre d'entre eux.
Sa décision a été vivement dénoncée par l'avocat du syndicat de police local, mais saluée par la famille de la victime et des habitants.
"Nous remercions la procureure et son équipe pour leur courage sans précédent, et leur réponse mesurée et professionnelle à cette crise", a déclaré un avocat de la famille, William Murphy.
Dans le quartier de Baltimore le plus touché par les violences de lundi, les habitants ont accueilli sa décision avec des cris de joie. "Ca fait longtemps qu'on attendait ça", a déclaré Dexter Dillard, 47 ans, au coin des rues West North et Pennsylvania, où un supermarché a été pillé et incendié lors des pires émeutes à Baltimore depuis les années 1960.
L'avocat du syndicat des policiers a lui dénoncé une décision précipitée. "Je n'ai jamais vu un tel empressement à engager des poursuites", a dénoncé Michael Davey, un ancien policier devenu avocat du syndicat de l'Ordre fraternel de la police de Baltimore, qui représente les six policiers.
- 'Ils n'ont rien fait de mal' -
"Nous sommes convaincus que ces agents seront exonérés, car ils n'ont rien fait de mal", a-t-il dit, en ajoutant qu'il "espérait (que l'enquête) soit suivie par un procureur indépendant".
Des médias ont publié les photos des six policiers inculpés, dont trois sont noirs. Cinq d'entre eux sont en détention, selon la maire de Baltimore, Stephanie Rawlings-Blake. Six selon des médias locaux.
Selon l'enquête et l'autopsie, Freddie Gray est mort d'une "blessure qui lui a été fatale alors qu'il ne portait pas de ceinture dans le fourgon de police où il avait été embarqué" et qui s'est arrêté à trois reprises, a précisé la procureure lors d'une conférence de presse.
Le jeune homme a "subi une blessure grave et potentiellement mortelle au cou venant du fait qu'il était menotté, les pieds entravés et qu'il n'était pas attaché" alors que le véhicule de police circulait.
"Quand Freddie Gray a été arrêté, il a été menotté mains dans le dos. Il a eu des difficultés à respirer et a demandé en vain des médicaments", a raconté Mme Mosby, précisant que les policiers, après l'avoir fait asseoir, avaient "trouvé un couteau dans son pantalon".
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