Sur fond de profondes divisions syndicales, plusieurs dizaines de milliers de manifestants (110.000 selon la CGT, 74.000 selon la police) ont célébré vendredi le 1er mai, dans des cortèges moins fournis que l'année dernière, en ordre dispersé et souvent sous la pluie.
En 2014, la CGT avait recensé 210.000 manifestants à travers la France, et le ministère de l'Intérieur 99.000.
Le défilé parisien était aussi plus clairsemé que l'année dernière: entre 9.000 et 12.000 personnes, selon les sources, ont battu le pavé entre la République et la Nation à l'appel de quatre syndicats -CGT, FSU, Solidaires et Unsa -. Mots d'ordre: l'opposition aux politiques d'austérité en Europe et la défense la liberté d'expression, dans la foulée de la vaste mobilisation post attentats du 11 janvier et dans un contexte de montée du Front national.
Dans ce cortège où flottaient aussi beaucoup de drapeaux de partis ouvriers étrangers, manquaient Force ouvrière et la CFDT, pourtant conviées à renforcer ce front syndical.
Le numéro un de la CGT a eu beau se féliciter d'un "vrai 1er mai unitaire à l'échelle européenne" avec des rassemblements portés par "les mêmes mots d'ordre", d'autres ont déploré l'affichage des désaccords en ce jour symbolique de la Fête du travail.
"Il faut que le syndicalisme se soucie du regard que les salariés portent sur lui. Le syndicalisme français est exagérément dispersé, exagérément divisé et ça nuit à son efficacité", a ainsi analysé Luc Bérille de l'Unsa pour qui le 1er mai aurait pu être l'occasion de "présenter une autre image du syndicalisme".
La responsable de la FSU Bernadette Groison a, elle, appelé "à surmonter les querelles d'appareils" pour "redonner espoir aux salariés".
Bernard Thibault, patron de la CGT pendant 14 ans, est allé plus loin en jugeant qu'il y a "trop de syndicats en France" et qu'il fallait "viser l'unification".
Présent aux abords du défilé, Jean-Luc Mélenchon a quant à lui estimé que le 1er mai était l'occasion pour les salariés de "montrer les dents" et de rappeler qu'"ils ont une vie, une famille, un corps qui n'est pas inépuisable", pointant du doigt la loi Macron, ministre de l?Économie "de droite".
- Opération "déringardisation" à la CFDT -
Au total, quelque 300 défilés ont été recensés dans tout le pays.
Traminots et salariés d'Airbus en tête, les Toulousains ont ainsi défilé, chanté ou dansé sous des parapluies. "Le c?ur y est encore!", a assuré à l'AFP Hélène, 52 ans, éducatrice spécialisée.
Bouquet de muguet dans une main et parapluie dans l'autre, 2.000 personnes se sont rassemblées à Lyon scandant les traditionnels "Travailleurs, travailleuses de tous les pays, unissons nous" mais lançant aussi des appels pour le retrait de la loi Macron, "la loi du fric, et des patrons".
Bordeaux a vu défiler 2.000 personnes, Marseille 1.800, Nantes 1.500, Montpellier 1.200, Strasbourg plus de 1.000, un peu moins à Lille (600), selon des sources policières.
Ponctuellement, des militants FO étaient dans les rangs des manifestants, mais au niveau national, le syndicat avait boudé l'appel à l'unité.
Pas question de "faire le grand écart et, sous prétexte qu'il faut rassembler tout le monde, de défiler avec ceux qui ne sont pas contre l'austérité ni la loi Macron", a résumé Jacques Girod, de la fédération parisienne de FO qui a honoré les Fédérés à Paris.
Jean-Claude Mailly, le patron de FO, qui fait traditionnellement cavalier seul, a porté ses revendications depuis Bordeaux, où il a une nouvelle fois fustigé "le moule de l'austérité" qui finira, selon lui, par faire "des ravages démocratiques".
De son côté, la CFDT entendait "déringardiser" le syndicalisme et par la même occasion le 1er mai, parce qu'il "faut arrêter de considérer qu'il y a des traditions immuables", comme l'a estimé son secrétaire général Laurent Berger. Pas de cortège, donc, mais un rassemblement festif qui a réuni 2.000 jeunes au bois de Vincennes, selon le syndicat.
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