La présidente du FN Marine Le Pen a annoncé dans un communiqué avoir "donné pour instruction à son avocat de déposer plainte" contre les Femen, qui ont perturbé le défilé de son parti.
"Marine Le Pen donne pour instruction à son avocat de déposer plainte pour violences volontaires et tentative (art. 222.11 du code pénal) contre les Femen pour ce qui concerne l'agression survenue devant la statue de Jeanne d'Arc et pour atteinte à la liberté de manifester (art. 431.1 du code pénal) pour ce qui concerne les incidents survenus place de l'Opéra", écrit le service de presse du FN dans un communiqué.
Trois Femen faisant le salut nazi et interrompant pendant cinq minutes le discours de Marine Le Pen, et Jean-Marie Le Pen qui s'est invité sur scène au début de son intervention: le traditionnel défilé du FN pour le 1er mai a été fortement perturbé.
La pluie battante n'était pas seule à vouloir gâcher la journée frontiste sur les pavés parisiens: juste avant le dépôt de gerbe au pied de la statue de Jeanne d'Arc, deux premières Femen ont tenté, seins nus, d'approcher la présidente du Front National avant d'être évacuées sans ménagement par le service d'ordre frontiste.
Une heure plus tard, trois autres Femen, toujours seins nus, sont apparues cette fois à un balcon donnant sur la place de l'Opéra, fumigène à la main, avec des banderoles portant l'inscription "Heil Le Pen" en caractères gothiques sur fond rouge, et faisant le salut nazi.
"Paradoxal de se dire féministe et d'interrompre un discours en honneur à Jeanne d'Arc", a répliqué Marine Le Pen, qui venait d'entamer son discours à la tribune installée devant l'Opéra. Manifestement déstabilisée, elle a dû suspendre plusieurs minutes son discours.
Les trois militantes ont ensuite été évacuées brutalement par trois hommes du service d'ordre du parti. L'un d'entre eux a brandi le poing en signe de victoire, criant "la France aux Français". Ils ont été interpellés, comme les trois Femen et un accompagnateur.
Peu auparavant, c'est ce "sacripant" de Jean-Marie Le Pen, selon l'épithète d'une proche, qui s'est littéralement invité sur scène pour saluer la foule, repartant tout aussi vite, sous le regard médusé de sa fille, sans assister au discours.
Dernière péripétie: à la fin du discours de Mme Le Pen, des journalistes de Canal+ ont été frappés par des militants FN avant d'être exfiltrés par le service d'ordre du parti frontiste.
- "Stupides querelles" -
Brouillée avec son père depuis près d'un mois après ses propos réitérés sur les chambres à gaz, Marine Le Pen avait en début de matinée expliqué vouloir faire de cette journée "un 1er mai conquérant", entourée d'élus départementaux, signe des récents succès électoraux du parti.
Mais Jean-Marie Le Pen, déjà, avait mis son grain de sel. Privé de tribune, comme en 2013, le président d'honneur du FN, brins de muguet à la boutonnière, a attendu le dépôt d'une gerbe par sa fille près de la statue de Jeanne d'Arc pour venir ensuite en déposer une lui-même au milieu d'une cohue médiatique, entouré de partisans dont certains criaient "Jean-Marie président!".
Place de l'Opéra, "entre 3.500 et 3.800 personnes" étaient rassemblées, selon la préfecture de police de Paris. 4.000, selon une source FN.
Dans son discours d'un peu moins d'une heure, Marine Le Pen a évoqué la "France éternelle" et salué la "dynamique" de son "premier parti de France".
"En 2012, j?avais demandé combien de Merah dans les bateaux, les avions, qui chaque jour arrivent en France remplis d'immigrés", a-t-elle rappelé. "Oui ? Combien ?" a-t-elle poursuivi, évoquant Sid Ahmed Ghlam, étudiant algérien de 24 ans soupçonné de l'assassinat d'une femme, Aurélie Châtelain, à Villejuif, et d'un projet d'attentat contre au moins une église de cette ville.
Mais les problèmes internes n'étaient pas loin: "Nous n'avons plus de temps à perdre dans des stupides querelles et des faux débats", a-t-elle mis en garde.
Son père est convoqué lundi en bureau exécutif extraordinaire pour décider d'éventuelles sanctions le concernant, après ses propos controversés.
Pour Wallerand de Saint Just, membre du bureau exécutif, "on ne peut pas se cacher derrière son petit doigt: (ses) déclarations pèsent sur le FN". "Je crois à l'audience (). Je suis disposé à ce que ce bureau disciplinaire dure toute la nuit", a-t-il ajouté.
Le Premier ministre Manuel Valls a regretté dans un tweet le "spectacle effrayant d'une extrême droite qui ne change pas". De son côté, la maire PS de Paris Anne Hidalgo a rendu hommage à Brahim Bouarram, en présence de son fils Saïd, mort noyé dans la Seine le 1er mai 1995 après avoir été poussé par des militants d'extrême droite après le défilé
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