Sur fond de profondes divergences syndicales, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont célébré vendredi le 1er mai en ordre dispersé et souvent sous la pluie, entre manifestations contre l'austérité emmenée par la CGT, festival pour les jeunes de la CFDT et meetings de FO.
Après des rassemblements dans la matinée en région, plusieurs milliers de personnes ont défilé dans l'après-midi à Paris de la République à la Nation, à l'appel des syndicats CGT, FSU, Solidaires et Unsa derrière la banderole "Solidarité internationale des travailleurs pour la paix, le progrès et la justice sociale, Non à l'austérité en Europe".
Dans ce cortège où flottaient aussi beaucoup de drapeaux de partis ouvriers étrangers, manquaient Force ouvrière et la CFDT, pourtant conviées à renforcer ce front syndical contre l'austérité et à défendre la liberté d'expression, dans la foulée de la vaste mobilisation post attentat du 11 janvier.
Le numéro un de la CGT a eu beau se féliciter d'un "vrai 1er mai unitaire à l'échelle européenne" avec des rassemblements portés par "les mêmes mots d'ordre", d'autres ont déploré l'affichage des désaccords en ce jour symbolique de la Fête du travail.
"Il faut que le syndicalisme se soucie du regard que les salariés portent sur lui. Le syndicalisme français est exagérément dispersé, exagérément divisé et ça nuit à son efficacité", a ainsi analysé Luc Bérille de l'Unsa pour qui le 1er mai aurait pu être l'occasion de "présenter une autre image du syndicalisme".
La responsable de la FSU Bernadette Groison a, elle, appelé "à surmonter les querelles d'appareils" pour "redonner espoir aux salariés".
Sur le terrain, salariés, militants ou politiques ont toutefois répondu présents, même si, en cette période de vacances et veille d'un week-end, ils étaient moins nombreux que l'année dernière.
A 14H30, près de 300 manifestations en France, regroupant 62.000 participants, étaient recensées, de source policière.
Muguet dans une main, parapluie dans l'autre
Traminots et salariés d'Airbus en tête, les Toulousains ont ainsi défilé, chanté ou dansé sous des parapluies. "Le c?ur y est encore!", a assuré à l'AFP Hélène, 52 ans, éducatrice spécialisée dans la Ville rose.
Bouquet de muguet dans une main et parapluie dans l'autre, 2.000 personnes se sont rassemblées à Lyon scandant les traditionnels "Travailleurs, travailleuses de tous les pays, unissons nous" mais lançant aussi des appels pour le retrait de la loi Macron, "la loi du fric, et des patrons".
A Marseille, 1.800 personnes selon la police, 10.000 selon les organisateurs ont marché dans le cortège CGT-FSU-Solidaires, derrière une banderole affichant "Non à l?austérité. Progrès social, paix, solidarité dans le monde entier".
Bordeaux a vu défiler 2.000 personnes, Nantes 1.500 et Montpellier 1.200, Strasbourg plus de 1.000, un peu moins à Lille (600), selon des sources policières.
Ponctuellement, des militants FO étaient dans les rangs des manifestants, mais au niveau national, le syndicat avait boudé l'appel à l'unité lancé par CGT, FSU, Unsa et Solidaires et décidé de faire bande à part.
Pas question de "faire le grand écart et, sous prétexte qu'il faut rassembler tout le monde, de défiler avec ceux qui ne sont pas contre l'austérité ni la loi Macron", a résumé Jacques Girod, de la fédération parisienne de FO qui a honoré les Fédérés à Paris.
Faute de partager les revendications avec les autres syndicats, Jean-Claude Mailly a porté les siennes depuis Bordeaux, où il a une nouvelle fois fustigé "le moule de l'austérité" qui finira, selon lui, par faire "des ravages démocratiques".
De son côté, la CFDT entendait "déringardiser" le syndicalisme et par la même occasion le 1er mai, parce qu'il "faut arrêter de considérer qu'il y a des traditions immuables", comme l'a estimé son secrétaire général Laurent Berger. Pas de cortège, donc, mais un rassemblement festif qui a réuni 3.000 jeunes au bois de Vincennes, selon le syndicat.
"Évidemment les syndicats doivent travailler ensemble", assure-t-il. Mais pour lui, "il ne faut pas mentir aux gens. Il y a deux types de syndicalisme", un "qui regarde la réalité en face, qui met les mains dans le cambouis" et un "qui est davantage dans l'attente".
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