Pour le 28e défilé du 1er mai du FN, Marine Le Pen aurait simplement pu savourer ses bons résultats aux départementales et une conjoncture politique favorable: las, les deux derniers mois ont aussi été le théâtre d'une violente brouille familiale et du développement des enquêtes judiciaires sur les finances du parti.
Le défilé annuel en l'honneur de Jeanne d'Arc, que le FN tient chaque 1er mai depuis 1988, a pu être l'occasion de rassemblements de taille (10.000 personnes dans les années 1990, 5.000 l'an dernier), mais aussi d'événements dramatiques, comme en 1995, lorsqu'un Marocain de 29 ans, Brahim Bouarram, est mort noyé dans la Seine en marge du défilé.
Sur la tribune, place de l'Opéra, Marine Le Pen sera entourée des 62 conseillers départementaux FN élus fin mars. Les ténors de son parti, dont son encombrant père, seront relégués en deuxième rideau, mais "il n'y a pas de rétrogradation, on n'est pas à la cour princière", a ironisé la dirigeante du parti.
S'il est effectivement présent au défilé, "Le Pen", hospitalisé il y a deux semaines pour un "petit problème cardiaque", devrait être, une fois de plus, au coeur de l'attention même si, comme en 2013 et 2011, il ne s'exprimera pas à la tribune.
Mediapart assure que M. Le Pen a détenu un compte bancaire "caché" en Suisse avec 2,2 millions d'euros, dont une bonne partie en lingots et pièces d'or. Le président d'honneur du FN n'a pas formellement démenti l'accusation, rejetant "une offensive générale".
Cette révélation, à l'étude au parquet de Nanterre suite à un signalement de Tracfin, s'ajoute à une enquête déjà en cours depuis fin 2013 sur son patrimoine.
Elle vient surtout renforcer cette impression de mensis horribilis pour le vieux chef frontiste, 86 ans, sèchement rappelé à l'ordre par sa fille après avoir défendu le maréchal Pétain dans un entretien à Rivarol.
Elle lui a aussi reproché d'avoir réitéré, une énième fois, que les chambres à gaz nazies ne seraient qu'un "détail" de l'histoire de la Seconde guerre mondiale, ce qui vaut à M. Le Pen une nouvelle enquête du parquet de Paris pour contestation de crime contre l'humanité.
- Discours 'assez musclé' -
Mis à l'index par la plupart des dirigeants frontistes --Florian Philippot, le vice-président, n''exclut pas l'exclusion--, il a été contraint de laisser la tête de liste pour les régionales de décembre en Paca à sa petite-fille Marion Maréchal-Le Pen, et sa fille l'a convoqué le lundi 4 mai pour un bureau exécutif qui se réunira en instance disciplinaire, afin de décider d'éventuelles sanctions contre lui. Lui, le co-fondateur du FN en 1972.
Marine Le Pen, elle, pourrait juste se réjouir des bons résultats électoraux récents du FN, et de la place majeure prise par son parti dans la vie politique française, bien aidé en cela par les régulières mises en garde contre le "danger" frontiste venant de l'exécutif et par la situation du pays: attentats de janvier, question migratoire au coeur de l'actualité, chômage en hausse et économie atone.
Avec 2 députés, 2 sénateurs, 23 eurodéputés, 62 conseillers départementaux, plus de 1.600 conseillers municipaux, sans compter la nouvelle armada de conseillers régionaux que devrait acquérir le parti en décembre, le parti d'extrême droite n'a jamais compté autant d'élus --quoiqu'en nombre très faible comparé à ceux du PS ou de l'UMP.
Marine Le Pen devrait annoncer en mai si elle est elle-même candidate en région Nord-Pas de Calais-Picardie. Mais son discours de vendredi devrait être consacré à "l'actualité dramatique: immigration, islamisme, Europe, économie", assure à l'AFP son bras droit Florian Philippot, qui prévoit déjà une adresse "assez musclée".
Moyen aussi d'évacuer les turpitudes judiciaires que rencontre la direction du FN version Marine Le Pen: une enquête judiciaire se penche sur le financement des campagnes électorales depuis l'accession de la dernière fille du "Menhir" à la présidence du parti. Cinq personnes physiques ainsi qu'une personne morale, la société Riwal, ont été mises en examen depuis fin janvier.
Une autre enquête a été ouverte par le parquet de Paris fin mars sur des soupçons de fraude dans l'emploi des assistants d'eurodéputés du Front national, payés par le budget du Parlement européen.
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