Les monarchies du Golfe ont exigé jeudi que toute négociation pour un règlement au Yémen se tienne à Ryad, sous les auspices de leur groupement régional, rejetant de fait les appels de Téhéran à des pourparlers internationaux hors de l'orbite saoudienne.
Les six pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont formulé cette exigence à l'issue d'une réunion dans la capitale saoudienne de leurs ministres des Affaires étrangères, axée sur la guerre au Yémen où raids aériens et combats se poursuivent sans relâche, principalement dans le sud.
La population est, elle, plongée dans une situation humanitaire critique, au moment où le Programme alimentaire mondial (PAM) annonce l'arrêt progressif, faute de carburant, de ses distributions de nourriture.
Ces deux dernières semaines, le PAM avait fourni une aide alimentaire d'urgence à 700.000 personnes à travers le Yémen, selon l'organisation, et désormais "de nombreuses familles ne savent pas d'où proviendra leur prochain repas".
Depuis le 26 mars, l'Arabie saoudite sunnite, grande rivale de l'Iran chiite, dirige une coalition de neuf pays arabes qui bombardent par les airs les positions de rebelles chiites Houthis pour les empêcher de prendre le contrôle de l'ensemble du Yémen.
Jusqu'ici, ni l'ONU, ni les grandes puissances n'ont réussi à faire taire les armes.
Les pays du CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar) n'ont pas fermé la porte à des pourparlers, mais ont posé des conditions.
- Désaccords sur les pourparlers -
Dans leur communiqué, les ministres des Affaires étrangères du Golfe ont estimé que toute négociation devait se tenir, "sous les auspices du CCG à Ryad", et que les parties devaient accepter "la légitimité" du président Abd Rabbo Mansour Hadi, exilé en Arabie saoudite.
Ils ont appelé à "la pleine mise en oeuvre de la résolution 2216" du Conseil de sécurité de l'ONU, adoptée le 14 avril qui somme les Houthis de se retirer de tous les territoires conquis depuis l'été 2014.
Côté iranien, la position est très différente. D'éventuels pourparlers "doivent avoir lieu dans un endroit qui n'est pas impliqué dans le conflit", a répété mercredi le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.
La réunion ministérielle de jeudi précède un sommet consultatif du CCG prévu mardi à Ryad où est aussi attendu le président français François Hollande, premier chef d'Etat occidental à participer à une telle réunion.
Dernier signe en date des tensions grandissantes entre l'Iran et l'Arabie saoudite, Téhéran a convoqué le chargé d'affaires saoudien pour protester contre l'intervention mardi d'avions de combat saoudiens qui ont empêché un avion iranien chargé d'aide d'atterrir à l'aéroport de Sanaa, sous contrôle rebelle.
C'est la quatrième fois en un mois que le chargé d'affaires saoudien à Téhéran est convoqué pour différentes affaires.
Et le chef de la marine iranienne, l'amiral Habibollah Sayari, a indiqué que deux destroyers iraniens se trouvaient à l'entrée de Bab el-Mandeb, détroit stratégique entre le Yémen et Djibouti qui voit passer environ quatre millions de barils de brut par jour.
Selon lui, ces navires sont "dans le Golfe d'Aden () pour assurer la sécurité des navires marchands de notre pays face à la menace des pirates".
- Bombardements dans le sud -
Sur le terrain, l'aviation de la coalition a bombardé intensément des positions rebelles à Aden, Taëz, Lahj et Abyane, dans le sud du Yémen, où des combats ont aussi opposé des rebelles à des combattants pro-Hadi, selon des sources concordantes. Il y a eu huit morts à Aden, dont trois civils, selon un responsable local.
Des affrontements ont eu lieu également à Kirsh où les rebelles ont bombardé des quartiers résidentiels en représailles au parachutage par la coalition d'armes destinées aux forces gouvernementales, selon des responsables locaux.
Sur la frontière yéméno-saoudienne, un soldat saoudien a été tué par un projectile, le 9e militaire à périr aux marches du royaume.
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