Avec un système de traitement de l'eau très endommagé, des cadavres en décomposition sous les décombres et des centaines de milliers de personnes sans abri, le Népal est engagé dans une course contre la montre pour éviter un désastre sanitaire, selon les experts.
Plus de 5.500 personnes ont été tuées dans le séisme de samedi et les responsables des secours cherchent à tout prix à éviter une seconde tragédie telle que l'émergence d'une épidémie de choléra qu'avait connue Haïti après le séisme de 2010. Un contingent de Casques bleus népalais avait été mis en cause mais l'ONU n'a jamais reconnu sa responsabilité.
"Dans un environnement où l'hygiène est mauvaise et les gens boivent de l'eau d'une provenance douteuse, il y a toujours le risque de maladies provenant de l'eau, de diarrhées et de maladies respiratoires", décrit à l'AFP Patrick Fuller, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge.
Des milliers de personnes ont déjà passé cinq nuits dans des tentes dans le froid à Katmandou, sans accès à l'eau courante et sans toilettes, contraintes de faire leurs besoins dehors.
Les craintes d'épidémies se répandent dans les camps de rescapés qui revêtent de façon croissante des masques chirurgicaux, tout comme l'a fait le Premier ministre Sushil Koirala lors d'une visite auprès de ces personnes.
"L'hygiène et l'approvisionnement en eau sont une réelle préoccupation dans ces camps", affirme le Dr Babu Ram Marasini, de l'organisme de contrôle et d'épidémiologie du pays.
"Nous sommes déjà au sixième jour et nous avons dit au gouvernement que faute de mesure d'ici 48 à 72 heures à ce sujet, il sera trop tard", met-il en garde.
Des milliers de rescapés ont quitté la capitale depuis le séisme d'une magnitude de 7,8 survenu samedi, pour rejoindre leur village en zone rurale, certains inquiets de l'émergence d'épidémies.
Pour ceux qui restent, l'horizon est sombre, certaines familles s'entassant à 15 dans une tente et nombre de sinistrés se plaignent des toilettes qui débordent dans les camps provisoires qui ont éclos sur les vastes étendues de Tundikhel et Khula Manch.
"Nous appréhendons d'aller dans ces toilettes et il ne reste plus beaucoup de place sur le reste du terrain", explique à l'AFP Krishna Seva, réfugiée à Tundikhel Maidan.
Les employés des services de santé nettoient les terrains et vaporisent avec des désinfectants mais des rescapés se plaignent du manque de soutien des autorités.
"Nous utilisons nos propres désinfectants dans notre tente pour éviter toute maladie", raconte Gaurav Kalki, 25 ans, réfugié dans une tente avec sa famille et deux chiens.
Pour le responsable de la Croix-Rouge, la priorité est de créer des "points d'approvisionnement en eau" dans Katmandou et dans les districts contigus de la capitale.
- Priorité à l'eau potable -
"Je ne veux pas parler d'épidémie pour le moment mais le système immunitaire des plus jeunes et des personnes âgées s'affaiblit substantiellement s'ils n'ont pas une nourriture correcte, de l'eau potable et un environnement décent pour vivre", souligne-t-il.
"Les organisations distribuent des bouteilles d'eau et je pense que le gouvernement s'efforce de livrer de l'eau un peu partout mais nous sommes dans une ville de 2,5 millions d'habitants et chacun est sur le même bateau", ajoute le porte-parole.
Selon lui, la situation est probablement meilleure dans les villages qui ont accès à des sources.
Le président de la Delhi Medical Association, Ajay Lekhi, s'inquiète lui du "risque sérieux venant des cadavres humains, de bétail et d'animaux domestiques en décomposition".
"Il n'est pas possible de retirer tous les corps d'un coup. Il doit y avoir des cadavres dans les décombres. Le risque de paludisme ou d'autres maladies transmises par le moustique ne peut être exclu non plus en raison de l'humidité", prévient-il.
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