Le patriarche et emblématique patron François Michelin, qui avait dirigé le fabricant français de pneumatiques pendant 47 ans jusqu'en 2002, en le propulsant au rang de champion mondial du secteur, est décédé à l'âge de 88 ans, a annoncé mercredi le groupe Michelin.
"Nous avons appris aujourd?hui avec une très profonde émotion la disparition de Monsieur François Michelin", a indiqué l'entreprise dans un communiqué.
Interrogé par l'AFP, le groupe basé à Clermont-Ferrand n'était pas en mesure de confirmer le jour ni le lieu de son décès.
"François Michelin a consacré toute son existence au service de l'entreprise. Il a été gérant pendant 47 ans, avant de confier les rênes à son fils Edouard", lui-même décédé en 2006, a indiqué le groupe, en précisant que la date des obsèques serait communiquée "ultérieurement".
"Sous sa direction, Michelin a connu un développement sans précédent, porté par sa passion pour l'innovation autant que par son exigence de rigueur au service de la qualité. Il a transformé le groupe en lui donnant sa dimension internationale", a fait valoir l'entreprise.
"François Michelin a porté haut les valeurs de l'industrie française dans le monde : l'innovation, la vision, l'exigence et la passion", a pour sa part déclaré le Premier ministre Manuel Valls sur Twitter.
Il "a marqué le capitalisme français par sa rigueur et sa grande simplicité. Il est toujours resté à l?écoute de ses salariés, de ses clients et de ses fournisseurs", a salué de son côté Pierre Gattaz, président du Medef.
- Un non-Michelin à la direction -
La firme Michelin, longtemps connue pour son paternalisme et son goût prononcé du secret, a été fondée en mai 1832 par les frères André et Edouard Michelin.
Ces derniers, très soudés, sont à l'origine du lancement et de l'internationalisation de Michelin, mais c'est François, petit-fils d'Edouard, qui fut la véritable cheville ouvrière de l'essor fulgurant de Michelin à l'étranger, et en particulier aux Etats-Unis.
Le géant du pneumatique est l'un des rares groupes français à disposer du statut de société en commandite par actions (SCA), une structure originale qui a assuré sa continuité et accompagné son essor depuis près de 150 ans.
C'est en 1955 que François Michelin, à moins de 30 ans, est nommé co-gérant de la Manufacture française des pneumatiques Michelin. Il prend le pouvoir en 1959. En 1966, il appelle à ses côtés l'un de ses proches apparentés, François Rollier, qui devient cogérant pendant 24 ans.
Orphelin de père et de mère à 10 ans, François avait en quelque sorte été adopté par le grand-père Rollier dans la famille duquel il a été élevé et où il a passé une bonne partie de sa jeunesse.
François Michelin quitte son poste de gérant en 1999 pour le laisser à son fils Edouard, qui devient alors le plus jeune patron d'une grande entreprise du CAC40. Néanmoins, François Michelin conservera des fonctions à la tête du groupe jusqu'en mai 2002.
Le décès brutal d'Edouard en mai 2006, mort noyé après le naufrage de son bateau près de l'île de Sein en Bretagne, ne freine pas la trajectoire de la firme au bibendum qui se choisit le jour même comme nouveau patron le cousin germain de François, Michel Rollier.
Six ans plus tard, ce dernier se retire et cède sa place à Jean-Dominique Senard, qui devient le premier dirigeant du groupe à ne pas être issu de la famille Michelin.
Jean-Dominique Senard est arrivé en 2005 chez Michelin dont il est devenu cogérant non-commandité en 2007. Il n'a aucun lien familial avec la famille Michelin, qui avait souligné lors de sa nomination que la nombreuse descendance Michelin était trop jeune ou ne possèdait pas les qualités requises pour en prendre les commandes pour le moment.
Le groupe Michelin, l'un des géants mondiaux du pneumatique, avait annoncé fin février un bénéfice net en baisse de 8,5% en 2014, à 1,03 milliard d'euros, en raison de "marchés peu porteurs".
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