La croissance du Royaume-Uni a ralenti beaucoup plus que prévu au premier trimestre, un coup dur pour le Premier ministre conservateur David Cameron qui cherche à mettre en avant son bilan économique à neuf jours d'élections très incertaines.
La croissance du produit intérieur brut (PIB) a fortement ralenti à 0,3% au premier trimestre par rapport au précédent, après 0,6% au quatrième trimestre de 2014, selon une première estimation de l'Office des statistiques nationales (ONS) publiée mardi.
C'est la croissance la plus faible depuis la fin de 2012. Le chiffre est aussi bien inférieur aux prévisions des économistes, qui attendaient un ralentissement moins marqué à 0,5%, selon un consensus établi par l'agence Bloomberg.
Cette mauvaise performance est essentiellement la conséquence de l'affaiblissement du secteur des services, très important dans le pays, dont la croissance a été moindre. La construction a pour sa part poursuivi son recul tandis que la production industrielle s'est érodée.
L'ONS élabore cette première estimation avec moins de la moitié des données nécessaires pour produire le chiffre final, si bien que des révisions sont encore possibles.
C'est cependant un coup dur indéniable pour le gouvernement du Premier ministre conservateur David Cameron à l'approche des élections législatives du 7 mai, qui s'annoncent très serrées.
Les sondages actuels montrent conservateurs et travaillistes au coude-à-coude et le mode de scrutin (uninominal majoritaire à un tour) ainsi que le jeu des alliances rendent difficile toute prévision sur le nom du futur locataire du 10, Downing Street: David Cameron ou son opposant travailliste Ed Miliband.
- Un choc pour la coalition au pouvoir -
"C'est un choc pour les conservateurs et les libéraux-démocrates", actuellement au pouvoir au sein d'une coalition, a jugé Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.
Alors que ces deux partis "espèrent que les électeurs indécis voteront finalement pour eux grâce à leur gestion de l'économie, ce ralentissement marqué tombe particulièrement mal à un peu plus d'une semaine des élections générales", observe-t-il.
L'annonce intervient en effet en pleine campagne électorale, alors que David Cameron espère conserver son poste face à Ed Miliband en mettant en avant son bilan.
Le Royaume-Uni avait jusqu'alors tiré son épingle du jeu, avec une solide croissance de 2,8% l'an dernier, une chute du chômage et une inflation zéro qui favorise le pouvoir d'achat des ménages. Mais l'opposition a aussi souligné le recul du niveau de vie des plus modestes ces dernières années et la montée des emplois précaires.
"Les chiffres du PIB montrent que notre économie croît toujours mais que nous ne pouvons pas considérer la reprise comme acquise. Ne la mettons pas en danger avec Ed Miliband et le SNP", le parti national écossais, a aussitôt réagi David Cameron sur Twitter.
"Les Tories ont passé des mois à s'auto-congratuler mais ces chiffres montrent qu'ils n'ont pas réparé l'économie pour les familles qui travaillent", a contre-attaqué Ed Balls, du parti travailliste.
Ce dernier a aussi mis en avant les risques pour l'économie d'une accélération de l'austérité ou d'une sortie de l'Union européenne (UE), alors que David Cameron a promis un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE s'il est reconduit.
Malgré la contre-performance du premier trimestre, les économistes se montrent toutefois optimistes dans l'ensemble pour l'avenir, alors que nombre d'indicateurs sont au vert. La progression des revenus réels des ménages après une période de vaches maigres doit ainsi encourager la demande.
"Le ralentissement provient des secteurs volatils du pétrole et de la construction plutôt que d'un retournement de la demande", souligne Elizabeth Martins chez HSBC. Il "devrait être seulement temporaire", ajoute Vicky Redwood chez Capital Economics, prévoyant une confortable croissance de 2,5% à 3% pour l'ensemble de l'année.
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