Une semaine après la plus grave tragédie de migrants en Méditerranée, Ban Ki-moon, Matteo Renzi et Federica Mogherini se sont rendus lundi au large de la Sicile pour manifester leur volonté de mettre un terme aux drames de l'immigration clandestine.
Le secrétaire général des Nations unies, le chef du gouvernement italien et la chef de la diplomatie de l'Union européenne sont arrivés en fin d'après-midi à bord du navire de la marine San Giusto, au large des côtes siciliennes, selon des images diffusées par un proche de M. Renzi sur les réseaux sociaux.
Le service de presse de l'ONU a diffusé sur son compte Twitter des photos montrant les trois responsables discutant dans l'appareil qui les menait sur les lieux.
Selon un communiqué de l'UE, cette visite cherche à renforcer la "solidarité européenne avec les efforts faits pour sauver les vies des migrants qui traversent la Méditerranée".
"Un effort commun (est) nécessaire afin de régler la question de la migration, en s'attaquant aux causes profondes comme aux urgences", a souligné l'UE, huit jours après le naufrage d'un chalutier ayant fait quelque 725 morts, et la disparition de quelque 450 autres migrants la semaine précédente.
Cette hécatombe en Méditerranée a contraint les Européens à réagir. Réunis jeudi en sommet extraordinaire à Luxembourg, les dirigeants de l'UE sont convenus de tripler les moyens de leur opération Triton de surveillance et d'assistance en Méditerranée.
Ils veulent aussi s'attaquer, y compris par la force, aux passeurs qui opèrent quasi-librement sur les côtes libyennes, où les luttes entre factions rebelles sèment le chaos.
Chaque jour, plusieurs centaines de migrants -- essentiellement Africains mais aussi beaucoup de Syriens -- arrivent en effet sur les côtes italiennes après avoir été secourus par la marine ou les garde-côtes italiens.
Lundi, un navire militaire a ainsi débarqué à Tarante (sud) 274 personnes parties de Libye et secourues en pleine mer.
Pour faire face au défi de l'hébergement de ces arrivants, qui sont déjà plus de 80.000 dans les centres italiens, le ministère de l'Intérieur a convoqué un "sommet" avec les maires et les régions pour le 7 mai à Rome.
- 'Pas facile' -
Pour pouvoir intervenir contre les passeurs, l'UE cherche l'aval des Nations unies. "Ca ne sera pas facile", a reconnu dimanche Mme Mogherini, rappelant qu'il faudrait un mandat de l'ONU et l'accord des autorités libyennes, qui restent multiples.
De fait, le secrétaire général de l'ONU ne s'est guère montré enthousiasmé par les idées européennes.
"Il n'y a pas de solution militaire à la tragédie qui est en train de se produire en Méditerranée", a-t-il déclaré dimanche, préconisant plutôt un encouragement à l'immigration légale.
"Une approche globale est cruciale qui prenne en compte les racines du problème, la sécurité et les droits humains des migrants et des réfugiés, comme avoir des canaux légaux et réguliers d'immigration", a-t-il expliqué.
"Les Nations unies sont prêtes à collaborer avec nos partenaires européens à cette fin", a-t-il ajouté.
Après ses entretiens avec le secrétaire général, la chef de la diplomatie de l'UE se rendra mardi au siège de l'ONU à New York, avant une rencontre prévue mercredi à Washington avec le secrétaire d'Etat américain, John Kerry.
M. Renzi, dont le pays est en première ligne dans cette crise et qui avait souhaité la tenue du sommet de jeudi à Luxembourg, est un ardent défenseur de frappes ciblées contre les passeurs libyens, qu'il qualifie d'"esclavagistes" des temps modernes.
Organisations humanitaires et experts en sécurité se montrent beaucoup plus circonspects. Pour les premières, même si la communauté internationale parvenait à fermer la route libyenne, ce qui est loin d'être acquis, une autre route s'ouvrirait ailleurs.
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