"Êtes-vous toujours vivants ?", interroge une de leurs chansons. Réfugiés au Liban après avoir fui leur pays en guerre, des rockeurs syriens revitalisent aujourd'hui la scène musicale libanaise, avec une musique qui puise dans le patrimoine arabe.
Des dizaines de groupes et d'artistes indépendants syriens sont devenus des piliers de la scène de Beyrouth, interprétant des chansons pleines d'émotions, parfois tristes, devant un public avide de nouveautés.
Dans un appartement de la capitale libanaise, deux membres de Khebez Dawlé, un groupe de rock alternatif originaire de Damas, répètent au milieu de vêtements en train de sécher, de pelotes de laine et de tasses de thé déjà vidées.
"Êtes-vous toujours vivants malgré le siège ?", s'écrie Anas Maghrebi, le chanteur du groupe, qui compte quatre artistes, dans la chanson "Ayesh" (vivant en arabe).
En Syrie, le régime affame par des sièges plusieurs villes rebelles pour les faire plier.
"Vous aimez, vous grandissez, vous économisez durant une partie de votre vie pour acheter une maison qui est maintenant détruite. Et vous êtes toujours vivants !", chante-t-il encore.
La guerre a causé en quatre ans la mort de 220.000 personnes et le départ de millions d'autres, dont des artistes et des musiciens.
"Khebez Dawlé" (pain subventionné en arabe) est le titre du premier album du groupe, sorti en décembre. "C'est le récit à un ami de ce qui se passe en Syrie", explique Anas à l'AFP.
Le groupe raconte la guerre qu'il a fuie en 2013 après la mort d'un de ses membres. Si beaucoup d'artistes narrent leur expérience de cette guerre, d'autres préfèrent parler dans leurs chansons de leur vie quotidienne.
- 'Pas de pression à Beyrouth' -
Arrivés dans la capitale libanaise après la mort de leur ami, les quatre hommes ont eu l'impression de commencer une nouvelle vie.
"Ce qui nous a surtout permis de recommencer à travailler, c'est qu'en arrivant à Beyrouth, nous avons eu le sentiment de nous être débarrassés de la moitié de nos problèmes", confie Anas.
Ils étaient confrontés en Syrie à la violence grandissante, au manque de scènes pour se produire, de studios, d'opportunités. C'est pourquoi ces groupes de rock considèrent Beyrouth comme un incubateur.
"Ici, il n'y a pas de pression. Nous pouvons avoir tout ce qui était impossible à Damas", souligne le guitariste Bachar Darwich.
Au Liban, les musiciens syriens ont pris contact avec des producteurs, des réalisateurs de films, des propriétaires de scènes et des financiers.
Le groupe Tanjaret Daghet (cocotte-minute en arabe) a, lui, quitté la Syrie en 2011 et rejoint Beyrouth. Un jour, ses membres ont vu débarquer un voisin libanais pendant qu'ils répétaient dans un sous-sol. Ils ont cru que cet homme venait leur demander de baisser le son, mais Raed al-Khazen les a au contraire complimentés pour leur musique et leur a proposé de devenir leur producteur.
"Ils n'auraient jamais eu en Syrie les mêmes opportunités. Ici, ils peuvent s'exprimer librement car nous sommes plus ouverts, il y a un public et des scènes pour jouer", assure leur impresario.
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