Le dirigeant sortant du Kazakhstan Noursoultan Nazarbaïev a été réélu dimanche avec 97,5% des voix à la présidence de ce pays d'Asie centrale, pour la cinquième fois consécutive, lors d'un scrutin anticipé où le taux de participation record a dépassé 95%.
"Noursoultan Nazarbaïev a obtenu 97,5%" des voix, selon un sondage à la sortie des bureaux de vote, effectué par le centre de recherche Institut démocratique, basé au Kazakhstan.
Les deux autres candidats Abelgazy Koussaïnov et Tourgoun Syzdykov ont obtenu respectivement moins de 1% et de 2% des voix, a annoncé aux journalistes la directrice du centre, Ioulia Koutchinskaïa.
Le taux de participation s'est établi à 95,11%, selon la Commission électorale centrale précisant que les premiers résultats seront communiqué lundi matin.
"Je suis sûr que les Kazakhs choisiront la politique de stabilité, de développement () et d'harmonie dans notre pays", avait déclaré M. Nazarbaïev, 74 ans, qui a passé 24 ans à la tête du Kazakhstan, dans une adresse à la nation diffusée à la veille de l'élection.
Il avait appelé ses concitoyens à participer massivement à ce scrutin, surveillé par plus de 1.000 observateurs internationaux, pour prouver "de manière convaincante" leur "unité" devant le monde entier.
Elu président pour la première fois en 1991 - il était alors le seul candidat -, Noursoultan Nazarbaïev a été réélu en 1999, 2005 et 2011, chaque fois avec des scores spectaculaires dépassant les 80% des voix. Ces élections n'ont cependant jamais été reconnues comme ayant été libres et justes par les observateurs internationaux.
Cette fois non plus, "ce n'est pas une élection, c'est une réélection", résume à l'AFP l'analyste Dosym Satpaïev, directeur du Groupe kazakh d'évaluation des risques, dont le siège est à Almaty.
Avec un nouveau mandat de cinq ans, M. Nazarbaïev sera en passe de réaliser un règne de près de 30 ans à la tête du Kazakhstan.
- Pas de candidats de l'opposition -
L'opposition réelle n'a présenté aucune candidature pour cette élection sans suspense, M. Nazarbaïev faisant face à deux autres candidats largement considérés comme ses partisans.
L'un des rivaux du président sortant est le candidat du Parti communiste, Tourgoun Syzdykov, 68 ans. Ancien fonctionnaire de province, il s'est notamment distingué par ses propos antimondialisation visant aussi bien Hollywood que les hamburgers et les jeux vidéo.
Le troisième candidat, indépendant, Abelgazy Koussaïnov, 63 ans, a concentré sa campagne électorale sur les questions environnementales. Après avoir occupé plusieurs postes ministériels, il dirige actuellement la Fédération nationale des syndicats.
"Dans l'ensemble, un accès équitable aux médias a été fourni à tous les candidats, et les électeurs ont pu avoir des informations complètes, fiables et objectives sur eux", a assuré la Commission électorale centrale kazakhe.
En revanche, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a dénoncé l'abondance de "panneaux et affiches" publicitaires pour M. Nazarbaïev. L'organisation a souligné ne "presque pas avoir remarqué" dans les rues de "matériel de la campagne électorale des deux autres candidats".
M. Nazarbaïev avait convoqué fin février une élection présidentielle anticipée en raison de "difficultés" économiques, alors que le Kazakhstan, allié de Moscou au sein d'une zone de libre-échange, subit de plein fouet la crise économique russe et la chute des cours du pétrole.
Porteur depuis 2010 du titre de chef de la Nation, statut qui lui confère à vie le pouvoir de décider des grandes orientations politiques du Kazakhstan, il a cependant attendu deux semaines avant d'annoncer solennellement sa décision d'accepter la proposition de son parti Nour-Otan de briguer un nouveau mandat.
"Les jeunes comprennent eux-mêmes leur devoir, personne ne nous force à voter. Nous avons vu des révolutions au Kirghizstan, la guerre en Ukraine. Nous ne voulons pas d'un tel avenir pour le Kazakhstan", explique Goulmira Bardygoulova, étudiante à Almaty, la plus grande ville du pays, après avoir voté pour M. Nazarbaïev.
"Ce serait bien si quelque chose changeait dans le pays, mais je ne connais pas les autres candidats. Personne ne doute de la victoire de Nazarbaïev", selon Viatcheslav, un homme d'affaires de 35 ans.
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