Les Kazakhs votaient dimanche, pour un scrutin anticipé convoqué sur fond de graves difficultés économiques que le dirigeant sortant Noursoultan Nazarbaïev est quasi assuré de remporter pour la cinquième fois.
A midi (06H00 GMT), 41% des 9,5 millions d'électeurs avaient voté dans les 9.000 bureaux de votes, selon la Commission électorale centrale kazakhe.
Les bureaux de vote ont ouvert à 01h00 GMT et devaient fermer à 14h00 GMT.
C'est sous les applaudissements que Noursoultan Nazarbaïev a voté dans la capitale, Astana, vers 05H00 GMT. "Je suis sûr que les Kazakhs choisiront la politique de stabilité, de développement () et d'harmonie dans notre pays", a déclaré M. Nazarbaïev, 74 ans dont 24 ans à la tête du Kazakhstan, dans une adresse à la nation diffusée à la veille de l'élection.
Il a appelé ses concitoyens à voter massivement à ce scrutin, qui sera surveillé par plus de 1.000 observateurs internationaux, pour prouver ainsi "de manière convaincante" leur "unité" devant le monde entier.
Elu président pour la première fois en 1991 - il était alors le seul candidat -, Noursoultan Nazarbaïev a depuis été réélu en 1999, 2005 et 2011, chaque fois avec des scores spectaculaires dépassant les 80% des voix. Ces élections n'ont cependant jamais été reconnues comme ayant été libres et justes par les observateurs internationaux.
Cette fois non plus, "ce n'est pas une élection, c'est une réélection", résume à l'AFP l'analyste Dosym Satpaïev, directeur du Groupe kazakh d'évaluation des risques, dont le siège est à Almaty.
S'il est réélu pour un nouveau mandat de cinq ans, il sera en passe de réaliser un règne de près de 30 ans à la tête du Kazakhstan.
L'opposition réelle n'a présenté aucune candidature pour ce scrutin sans suspense dans lequel M. Nazarbaïev fait face à deux autres candidats largement considérés comme étant ses partisans.
L'un des rivaux du président sortant à l'élection de dimanche sera le candidat du Parti communiste, Tourgoun Syzdykov, 68 ans. Cet ancien fonctionnaire de province s'est notamment distingué par ses propos contre la mondialisation visant aussi bien Hollywood que les hamburgers et les jeux vidéo.
Le troisième candidat, indépendant, est Abelgazy Koussaïnov, 63 ans, dont la campagne électorale se concentre surtout sur les questions liées à l'environnement. Après avoir occupé plusieurs postes ministériels, il dirige actuellement la Fédération nationale des syndicats.
Les deux opposants Syzdykov et Koussaïnov, ont eux aussi voté dans la matinée.
"Dans l'ensemble, un accès équitable aux médias a été fourni à tous les candidats, et les électeurs ont pu avoir des informations complètes, fiables et objectives sur eux", a assuré la Commission électorale centrale kazakhe.
Pour sa part, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a dénoncé l'abondance de "panneaux et affiches" publicitaires pour M. Nazarbaïev, non seulement "candidat", mais aussi "chef de l'Etat" qui fait en cette qualité la promotion de grands événements culturels et sportifs au Kazakhstan.
Dans le même temps, l'OSCE a souligné ne "presque pas avoir remarqué" dans les rues de "matériel de la campagne électorale des deux autres candidats".
- "Je ne connais pas les autres candidats" -
M. Nazarbaïev a convoqué une élection présidentielle anticipée fin février en raison de "difficultés" économiques, alors que le Kazakhstan, allié de Moscou au sein d'une zone de libre-échange, subit de plein fouet la crise économique en Russie et la chute des cours du pétrole.
Porteur depuis 2010 du titre de chef de la Nation, un statut qui lui confère à vie le pouvoir de décider des grandes orientations politiques du Kazakhstan, il a cependant attendu deux semaines avant d'annoncer solennellement sa décision d'accepter la proposition de son parti Nour-Otan de briguer un nouveau mandat.
"Je vais donner ma voix à mon président", assure Maroupjan Kourbanov, un étudiant de 21 ans à Almaty qui n'a donc connu qu'un président dans toute sa vie. "Il a un programme économique clair. Et les deux autres candidats parlent très peu d'économie".
"Ce serait bien si quelque chose changeait dans le pays, mais je ne connais pas les autres candidats. Personne ne doute de la victoire de Nazarbaïev", lance pour sa part Viatcheslav, un homme d'affaires de 35 ans.
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