Grand perdant d'un bras de fer au sommet du géant automobile Volkswagen qu'il avait lui-même provoqué, le patriarche et grande figure de l'industrie allemande Ferdinand Piëch tire sa révérence à 78 ans en démissionnant du conseil de surveillance.
La nouvelle a provoqué une onde de choc tant M. Piëch paraissait indétrônable il y a encore quelques semaines. Le quotidien Handelsblatt parlait sur son site internet d'une "césure historique".
Il aura suffi que ce petit-fils du fondateur de la Coccinelle, au caractère trempé, teste une fois de trop l'étendue de son influence pour provoquer la sortie de route.
Sa démission avec effet immédiat de toutes ses fonctions au sein de Volkswagen, et notamment de la présidence du conseil de surveillance qu'il dirigeait depuis 2002, a été annoncée samedi par deux communiqués distincts.
M. Piëch est imité par son épouse Ursula Piëch. L'arrivée au conseil de surveillance en 2012 de cette ancienne baby-sitter de la famille avait créé des remous. Mais sur cette question comme sur tant d'autres, le patriarche avait réussi à imposer sa volonté.
Ferdinand Piëch va être remplacé provisoirement à la tête de l'instance de contrôle par Berthold Huber, vice-président du conseil de surveillance et ancien président du syndicat IG Metall.
Cet intérim pourra durer un certain temps, a prévenu samedi le chef du gouvernement de l'Etat régional de Basse-Saxe, Stephan Weil, interrogé par l'agence DPA. L'organe de contrôle de Volkswagn va chercher "avec calme et soin" un successeur à M. Piëch, a-t-il dit, d'ici là "le conseil travaille normalement, la direction travaille normalement".
L'Etat de Basse-Saxe est, aux côtés de la holding Porsche SE, actionnaire de Volkswagen, et M. Weil lui-même siège au conseil de surveillance.
- Tempête -
La tempête avait éclaté il y a une semaine, quand l'Autrichien Ferdinand Piëch avait clairement pris ses distances, par voie de presse, avec le patron du groupe Martin Winterkorn, 67 ans, manoeuvre interprétée comme une tentative de se débarrasser de celui qu'il avait longtemps protégé.
M. Piëch s'était alors heurté aux membres les plus influents du conseil de surveillance, parmi lesquels des représentants du personnel, de la Basse-Saxe et son cousin Wolfgang Porsche, soutenant tous M. Winterkorn.
Cette poignée de personnes les plus influentes du conseil de surveillance ont indiqué samedi avoir discuté à nouveau de la situation avec M. Piëch et avoir "constaté à l'amiable qu'au vu des semaines passées, qu'il n'y avait plus la confiance réciproque nécessaire à une bonne collaboration", précipitant le départ du septuagénaire.
Grande figure de l'automobile, M. Piëch a longtemps décidé du sort des patrons de la société, qu'il a lui-même dirigé entre 1993 et 2002. En 2006, il avait congédié le prédécesseur de M. Winterkorn pour mettre aux commandes ce dernier.
Depuis, ils formaient un tandem admiré et considéré comme l'un des éléments clés de la réussite insolente du groupe aux douze marques, aux quelque 600.000 employés et aux 200 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuels.
- Faiblesses -
L'alchimie entre ces deux ingénieurs de formation était vue comme un vecteur de stabilité pour une entreprise ambitionnant de détrôner d'ici peu le numéro un mondial, le japonais Toyota. Et ce en dépit de certaines faiblesses, telles que des difficultés à percer aux Etats-Unis, une rentabilité insuffisante de la marque historique Volkswagen et l'absence du segment des voitures à bas coûts.
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