Le Français Serge Atlaoui, condamné à mort en Indonésie pour trafic de drogue, a été retiré de la liste de détenus dont l'exécution est imminente, après d'intenses pressions diplomatiques de Paris, redonnant samedi une lueur d'espoir à ses proches.
Neuf autres condamnés à mort, parmi lesquels huit étrangers, ont en revanche été informés par la justice indonésienne de leur exécution prochaine.
"Je suis partagé entre un immense soulagement (), et en même temps je suis profondément peiné à l'idée de savoir que les autres condamnés pourraient être exécutés, le 28 semble-t-il", a déclaré l'avocat français de Serge Atlaoui, Richard Sedillot, lors d'un rassemblement de soutien à Serge Atlaoui qui a réuni près de 200 personnes samedi à Paris.
S'adressant à la foule par téléphone depuis Jakarta, son épouse Sabine a fait part de son "émotion () après ces 48 heures d'enfer inimaginables" au cours desquelles grandissait la crainte d'une exécution imminente, après le rejet par la Cour suprême de son ultime recours contre la peine de mort.
"Le combat n'est pas fini, il faut continuer", a-t-elle ajouté, affirmant avoir "énormément d'espoir".
Mais "rien n'est acquis, Serge est toujours dans le couloir de la mort", a de son côté réagi par téléphone à l'AFP André Atlaoui.
Ces développements surviennent après que la France a haussé nettement le ton ces derniers jours à l'égard de Jakarta, alternant menaces voilées et accusations d'irrégularités judiciaires, à l'image des propos tenus samedi par le président François Hollande.
"S'il est exécuté, il y aura des conséquences avec la France et l'Europe parce qu'on ne peut pas accepter ce type d'exécutions", a-t-il déclaré à l'issue d'une brève visite à Bakou, précisant que ces conséquences seraient essentiellement "diplomatiques".
Plus tôt dans la semaine, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait écrit à son homologue indonésienne pour lui faire part de "graves dysfonctionnements de la justice indonésienne" dans le dossier de Serge Atlaoui, déplorant un "traitement expéditif" de cette affaire et une décision de condamnation à mort "qui comporte des affirmations erronées".
- "l'Alcatraz indonésien" -
Pour le parquet indonésien, Serge Atlaoui a été retiré de la liste en raison d'une procédure encore en cours devant le tribunal administratif de Jakarta, où il conteste la décision du président indonésien, Joko Widodo, qui a rejeté sa demande de grâce.
Huit étrangers -- d'Australie, du Brésil, des Philippines et du Nigeria -- ont été tranférés dans une prison du complexe pénitentiaire de Nusakambangan, "l'Alcatraz indonésien", où ils seront exécutés dans quelques jours au côté d'un Indonésien, a affirmé à l'AFP le porte-parole du parquet, Tony Spontana.
La législation indonésienne antidrogue est l'une des plus sévères au monde, la détention de faibles quantités de stupéfiants pouvant être passible de la peine de mort, comme dans d'autres pays d'Asie du Sud-Est tels la Malaisie, la Thaïlande et le Vietnam.
M. Spontana n'a avancé aucune date pour les exécutions, mais la Philippine Mary Jane Veloso a été informée qu'elle serait fusillée mardi, selon son avocat.
Le gouvernement australien a indiqué avoir été informé que l'exécution de ses deux ressortissants, Myuran Sukumaran et Andrew Chan, était "imminente".
"J'appelle à nouveau respectueusement le président indonésien à reconsidérer son refus d'accorder une grâce. Il n'est pas trop tard pour changer d'avis", a déclaré la ministre australienne des Affaires étrangères, Julie Bishop.
Les condamnés étrangers ont tous vu leur demande de grâce rejetée par le président indonésien, Joko Widodo, surnommé Jokowi, qui se montre intransigeant en invoquant les ravages causés par les produits stupéfiants dans l'archipel. La peine de mort est très largement soutenue par la population mais des experts et ONG observent que la peine capitale n'a aucun effet dissuasif.
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