Des diplomates et proches de condamnés à mort en Indonésie sont arrivés samedi à la prison où l'exécution de neuf étrangers semble imminente sur une île isolée, alors que des rassemblements sont prévus en France pour soutenir l'un d'eux, le Français Serge Atlaoui.
Des responsables consulaires de différents pays - notamment l'Australie, le Brésil et les Philippines -- se sont rendus à Cilacap, ville portuaire d'où les visiteurs accèdent au complexe pénitentiaire de Nusakambagnan, "l'Alcatraz indonésien". Ils ont été convoqués par les autorités indonésiennes pour y rencontrer des responsables et détenus en attente d'exécution.
Quatre Africains, dont trois ont été confirmés comme des ressortissants du Nigeria alors qu'un doute subsiste sur la citoyenneté du quatrième, figurent parmi les neuf étrangers qui attendent dans le couloir de la mort.
Contrairement aux autres représentations diplomatiques en Indonésie, l'ambassade de France à Jakarta a confirmé samedi matin à l'AFP n'avoir reçu aucune convocation pour se rendre à la prison de Nusakambangan où est incarcéré Serge Atlaoui, âgé de 51 ans. Il est en attente d'exécution après le rejet par la Cour suprême de son ultime recours contre la peine de mort pour un trafic de drogue qu'il a toujours nié.
Ces convocations ne sont pas obligatoires. Ce sont des courtoisies diplomatiques. Seule la notification au condamné de son exécution au minimum 72 heures au préalable est obligatoire, selon la législation indonésienne.
Interrogé samedi par l'AFP, le porte-parole du Parquet général de Jakarta, Tony Spontana, a déclaré que la date des prochaines exécutions serait annoncée "dans les prochains jours".
En France, des rassemblements de soutien à Serge Atlaoui, à l'initiative de l'association Ensemble contre la peine de mort en partenariat avec 19 autres ONG, sont prévus à Paris et Metz, ville du nord-est d'où est originaire le condamné.
Au terme de discrètes démarches pour arracher la clémence des autorités indonésiennes pour sauver la vie de Serge Atlaoui, la France a décidé de changer nettement de ton ces derniers jours, alternant menaces voilées et accusations d'irrégularités judiciaires, à l'image des propos tenus samedi par le président français, François Hollande. "S'il est exécuté, il y aura des conséquences avec la France et l'Europe parce qu'on ne peut pas accepter ce type d'exécutions", a-t-il déclaré à la presse à l'issue d'une visite à Bakou, précisant que ces conséquences seraient essentiellement "diplomatiques".
- 'Changez le châtiment en humanité' -
Alors que la deuxième vague d'exécutions cette année en Indonésie approche, après celle de janvier (six condamnés dont cinq étrangers fusillés), les appels à la clémence se multiplient, à l'image de l'Australie, dont deux ressortissants risquent d'être fusillés dans les prochains jours.
La ministre australienne des Affaires étrangères, Julie Bishop, a réitéré samedi les appels à la clémence de Canberra en demandant au président indonésien, Joko Widodo, de "changer d'avis", lui qui se montre intransigeant sur l'exécution de condamnés à mort pour trafic de drogue.
Les membres de la famille de la Philippine Mary Jane Veloso, elle aussi condamnée à la peine capitale pour trafic de drogue, sont arrivés à Cilacap, où ils ont dû se frayer leur chemin face à de nombreux journalistes.
"S'il arrive quoi que ce soit de mal à ma fille, je tiendrai beaucoup de gens pour responsables, ils nous doivent la vie de notre fille" a déclaré à une radio la mère de la condamnée, Célia Veloso, 55 ans. "J'espère que mon appel sera entendu par le président Widodo", a-t-elle dit.
La s?ur du condamné à mort australien Myuran Sukumaran, a elle aussi lancé un appel émotionnel visant à sauver la vie de son frère, dans une vidéo sur YouTube où celui-ci apparaît sur une photo prise lorsqu'il était un jeune écolier.
"Mon frère a fait une erreur il y a dix ans, et il a ensuite payé chaque jour pour cette erreur. Du fond de mon c?ur, s'il vous plaît président Widodo, ayez de la compassion pour mon frère, changez le châtiment en humanité", a déclaré Brintha Sukumaran.
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