François Hollande a appelé vendredi la Turquie à faire de nouveau pas en direction de l'Arménie lors de cérémonies à Erevan marquant le centenaire du déclenchement des massacres perpétrés par les Turcs ottomans en 1915, lançant aussi un appel en faveur des chrétiens d'Orient.
"Il y a eu en Turquie des mots, et des mots importants, qui ont déjà été prononcés mais d'autres sont encore attendus pour que le partage du chagrin puisse devenir le partage d'un destin", a-t-il lancé lors d'émouvantes et solennelles cérémonies au Memorial du génocide, sur les hauteurs de la capitale arménienne.
Faisant de ce centenaire "un appel à la paix et à la réconciliation", le président français a ainsi souhaité que "la frontière entre la Turquie et l'Arménie puisse se rouvrir prochainement".
En janvier 2014, le président turc Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, avait fait un geste inattendu, présentant les condoléances de son pays "aux petits-enfants des Arméniens tués en 1915". Mais l'Arménie les avait rejetées, réclamant reconnaissance du génocide et "repentir".
Et un an plus tard, François Hollande avait déjà appelé la Turquie à poursuivre son "effort de vérité", estimant qu'il était "temps de briser les tabous".
Ankara a toujours refusé d'admettre une élimination planifiée des Arméniens en 1915, évoquant la mort d'environ 500.000 d'entre eux alors qu'Erevan chiffre le nombre des victimes à 1,5 million.
Après avoir remonté "L'Allée du deuil" du Mémorial, le président français a déposé une fleur jaune au coeur d'un myosotis, la fleur du souvenir. Puis il s'est "incliné" devant la mémoire des victimes. "Je suis venu dire à mes amis arméniens que nous n'oublierons jamais les tragédies que votre peuple a traversées", a-t-il souligné.
Mais le chef de l'Etat français a inscrit aussi ces commémorations dans l'actualité tragique du Moyen-Orient, souhaitant que le souvenir de l'"horreur" du génocide arménien permette d'"empêcher qu'une autre horreur ne se répète ou ne se reproduise".
"C'est pourquoi il était important d'être ici, à Erevan, pour appeler à la défense de toutes les minorités et notamment des chrétiens d'Orient", a-t-il souligné, dénonçant "une entreprise méthodique et systématique d'éradication".
Si "les musulmans en sont par leur nombre les premières victimes", elle frappe selon lui "toute la mosaïque de peuples, de religions, de cette région".
- 'Minorités menacées' -
François Hollande a évoqué parmi ces "minorités menacées par l'exil, l'asservissement et la mort", les chrétiens d'Orient, "les Arméniens de Syrie, les Turkmènes, les Kurdes, les Shabaks", fustigeant la "barbarie des terroristes de Daech", l'acronyme arabe de l'organisation Etat islamique.
Puis il a rejoint le président russe Vladimir Poutine pour évoquer ces drames mais avant toute chose la crise ukrainienne. Dans une allusion aux sanctions européennes contre Moscou, le chef de l'Etat français a appelé son homologue russe à "aller de l'avant" dans l'application des accords de paix de Minsk sur la crise ukrainienne, "la meilleure façon de pouvoir dépasser ce qui nous a un moment freiné".
M. Poutine venait de déplorer que les relations de la Russie avec la France et l'Union européenne ne soient "malheureusement () pas au meilleur niveau".
Entourés de leurs conseillers et du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, les deux dirigeants se sont retrouvés dans un salon du palais présidentiel d'Erevan, échangeant une poignée de main formelle devant les caméras et les photographes.
A l'issue de la rencontre, le président Hollande a indiqué devant la presse que les deux présidents considéraient que les conditions étaient réunies pour "aller plus loin dans l'application des accords de Minsk".
Les deux hommes ont également évoqué l'épineux dossier des navires de guerre Mistral vendus par la France à la Russie mais dont la livraison a été bloquée en raison du rôle joué, selon Paris, par les Russes dans l'est de l'Ukraine. "J'en ai fixé les bases: soit le Mistral est livré, ce qui n'est pas aujourd'hui notre décision, soit il sera remboursé dans des formes que nous avons à discuter", a déclaré M. Hollande devant la presse. "Pour l'instant aucune décision n'est prise", a-t-il insisté.
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