GDF Suez va changer de nom pour s'appeler Engie, une marque censée incarner la mutation de l'énergéticien, de plus en plus tourné vers les marchés émergents et les services pour échapper à la stagnation du marché du gaz en Europe.
"On ne renie rien, mais on accélère et on se projette dans l'avenir", a résumé vendredi Gérard Mestrallet, le PDG du groupe français.
Ce changement de nom intervient en effet alors que le groupe est engagé dans une profonde transformation, dans un contexte de consommation d'électricité et de gaz atone en Europe.
En 2013, l'ex-GDF Suez avait en quelque sorte soldé "l'Ancien monde", en dévalorisant de 14,9 milliards d'euros la valeur dans ses comptes de ses centrales électriques, afin de tenir compte des difficultés du marché européen de l'énergie.
Et l'an dernier, il avait annoncé réorienter sa stratégie, se rêvant en "énergéticien de référence sur les marchés à forte croissance" et en "leader de la transition énergétique en Europe".
Cette nouvelle stratégie se traduira dès l'an prochain par une réorganisation du groupe, avec des directions par zone géographique, en lieu et place des anciennes branches par métier.
Dans le cadre de cette organisation plus territoriale, "prendre un drapeau unique" au lieu des multiples marques qui existent aujourd'hui devrait constituer un avantage sur le plan commercial et marketing, mais aussi en matière de recrutement, a jugé M. Mestrallet, au cours d'une conférence de presse.
"Cette marque, nous allons en parler beaucoup, et nous espérons qu'(elle) donne à GDF Suez, devenue Engie, une notoriété plus grande", a-t-il expliqué.
La décision de l'étendre ou non à toutes les filiales du groupe - notamment celle de services énergétiques Cofely et l'électricien belge Electrabel - n'est pas encore prise a toutefois affirmé le dirigeant.
Les "chefs de projet", futurs dirigeants des entités du groupe lorsque la nouvelle organisation sera définitive, "feront des propositions sur l'extension du nom Engie dans leur domaine de responsabilité", a-t-il expliqué. Mais "le champ d'Engie sera à coup sûr plus large que celui de GDF Suez".
Le nouveau nom incarne aussi les changements à venir à la tête du groupe, a souligné M. Mestrallet, âgé de 66 ans. Atteint l'an prochain par la limite d'âge fixée dans les statuts du groupe, il devrait alors passer la barre à sa numéro deux, Isabelle Kocher, 45 ans.
- Cinq syllabes, c'était un peu long -
"Ce changement de nom, nous voulons le porter à deux. () Isabelle incarne le futur, l'avenir du groupe, et moi, l'histoire et la construction du groupe", a insisté le dirigeant, entré chez Suez en 1984.
Lors de la fusion entre Suez et l'ex-monopole public Gaz de France, en 2008, les deux marques ont simplement été accolées, pour donner naissance à un mastodonte de l'électricité et du gaz, aujourd'hui présent dans 70 pays, actif dans toutes les sources d'énergie et employant 152.900 personnes.
"Cinq syllabes pour un nom, c'était un peu long", a souligné M. Mestrallet.
Ses marques historiques sont beaucoup plus anciennes: la Compagnie universelle du canal maritime de Suez date ainsi de 1858, et Gaz de France, de 1946.
La disparition de toute mention de l'ex-monopole public du gaz dans le nouveau nom inquiète déjà certains des salariés du groupe.
La CGT Mines et Energie y voit ainsi la "mise à mort de Gaz de France" et déplore que GDF Suez (dont l'Etat détient près du tiers du capital) "tire un trait sur son nom, son histoire, sa culture et le capital humain apporté par le savoir-faire" de l'entreprise gazière.
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