Quatre hommes ont été condamnés vendredi par la cour d'assises des Alpes-Maritimes à des peines de 10 à 22 ans de réclusion criminelle, moins que réclamé par l'avocat général, pour un braquage qui avait coûté la vie à un bijoutier en 2011 à Cannes.
La plus lourde peine, 22 ans de réclusion, a été prononcée à l'encontre de Stéphane Thouvenel, l'auteur du tir qui avait tué Thierry Unik, 42 ans. Evoquant "l'artisan principal du crime", l'avocat général Philippe Toccanier avait requis à son encontre la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Stéphane Thouvenel, 40 ans, a reconnu avoir participé au braquage et être l'auteur du tir mais a toujours assuré que ce dernier avait été "accidentel".
"M. Thouvenel est un petit délinquant, ce n'est pas un criminel", a affirmé au cours de sa plaidoirie vendredi matin Fabien Collado. "Ce n'est pas un tueur, il n'y a aucun élément intentionnel", a ajouté l'avocat, évoquant une équipe "d'amateurs, de pieds nickelés". "Je ne trouve toujours pas les mots (), je suis sincèrement désolé", a répété son client juste avant que le jury se retire pour délibérer.
Ses trois co-accusés, à l'encontre desquels des peines de 15 à 25 ans de réclusion avaient été requises, ont eux aussi pris la parole pour présenter leurs excuses à la famille de la victime, dont son frère jumeau Michel.
Yassine Grabsi, 34 ans, décrit par l'avocat général comme un "hors-la-loi, qui change de téléphone en permanence et dont les revenus sont exclusivement occultes", a été condamné à 15 ans de réclusion. Natalino Semedi Cabral, 25 ans, s'est vu infliger une peine de 12 ans de réclusion et Hafid Dafri, 44 ans, une peine de 10 ans.
-"Ecoeuré"-
Les quatre hommes ont été condamnés pour "vol avec violence ayant entraîné la mort" et "association de malfaiteurs en vue de commettre un vol en bande organisée".
Les peines prononcées ont suscité la fureur des parties civiles, qui les ont jugées trop légères. "Je vais fermer mon magasin, me tirer de ce pays", a lancé devant la presse Michel Unik, qui avait rouvert sa bijouterie après le décès de son jumeau. "Mon frère, dans combien de temps il sortira ? Dans 22 ans ?", a-t-il poursuivi. "Je suis écoeuré de la justice française. J'ai envie de vomir".
"La cour d'assises a statué, a délibéré avec recul, avec mesure, sans colère, sans pression et sans haine", a réagi de son côté Me Collado, l'avocat de Stéphane Thouvenel. "La justice a été rendue. Il n' y a rien à redire là dessus. Elle a été rendue sereinement", a-t-il ajouté, jugeant la peine prononcée à l'encontre de son client "tout à fait légitime".
Le 26 novembre 2011 dans le quartier populaire de Cannes-la-Bocca, à l'ouest de la ville, le braquage de la bijouterie des frères Michel et Thierry Unik avait duré moins de deux minutes, selon les caméras de vidéosurveillance à l'intérieur de la bijouterie. Le bijoutier avait été tué d'une balle dans la tête, peu après l'irruption des malfaiteurs.
Ils avaient raflé des bijoux en or et pris la fuite sur une moto et un scooter volés. Ils avaient été interpellés fin janvier 2012.
Dans un contexte national de recrudescence des vols à main armée contre les commerces de métaux précieux cette année-là, l'affaire avait suscité une vive émotion.
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