Des diplomates étrangers et des proches de condamnés à mort en Indonésie se pressaient vendredi pour rendre visite à des détenus, parmi lesquels un Français, deux Australiens et une Philippine, dont l'exécution semble imminente, en dépit de vives protestations internationales.
Les autorités indonésiennes ont demandé à des responsables consulaires de pays concernés par les exécutions de se rendre ce weekend au complexe pénitentiaire de Nusakambangan, "l'Alcatraz indonésien", où des détenus dans le couloir de la mort attendent d'être fusillés prochainement.
Après avoir annoncé la veille que l'ordre avait été donné de préparer l'exécution de dix détenus, pour l'essentiel des étrangers dont la demande de grâce présidentielle a été rejetée, le parquet général a indiqué vendredi qu'il attendait toujours une décision de la Cour suprême concernant l'ultime recours d'un Indonésien condamné à la peine de mort.
"Nous espérons que la décision va être rendue le plus vite possible pour que nous puissions fixer le jour J", a déclaré un porte-parole du parquet général, Tony Spontana, en référence à la date des prochaines exécutions, après celles de janvier.
Les exécutions seront notifiées aux condamnés au minimum 72 heures au préalable, a-t-il ajouté.
Un porte-parole de la Cour suprême a déclaré à l'AFP que le recours de l'Indonésien serait examiné lundi.
Alors que le président indonésien, Joko Widodo, intransigeant sur les exécutions de condamnés à mort pour drogue, est resté sourd aux appels à la clémence réitérés notamment par la France et l'Australie, les pressions diplomatiques se sont poursuivies vendredi.
"La France a tout fait, fait tout et fait le maximum pour empêcher" l'exécution de Serge Atlaoui "et c'est le sens des actions de la diplomatie jusqu'à la dernière minute", a déclaré le Premier ministre français, Manuel Valls, lors d'une conférence de presse.
"Nous sommes très gravement préoccupés" par le sort de Serge Atlaoui, a renchéri le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
La ministre des Affaires étrangères australienne, Julie Bishop, a essayé vendredi de téléphoner à son homologue indonésienne, mais cette dernière n'était pas disponible, selon Mme Bishop, ajoutant que Canberra était "gravement préoccupé" par les derniers développements.
- 'Je n'arrive pas à y croire' -
De son côté, l'Union européenne est "totalement opposée à la peine de mort", avait déclaré la veille le président du Conseil européen, Donald Tusk, en marge d'un sommet à Bruxelles, soulignant que "cela ne peut pas être une réponse au trafic de drogue".
Chinthu Sukumaran, dont le frère Mury est l'un des deux Australiens en attente d'exécution, se prépare à se rendre d'urgence en Indonésie. "Je n'arrive pas à y croire, nous n'avons pas encore abandonné tout espoir", a-t-il déclaré au quotidien Sydney Morning Herald.
De leur côté, les autorités consulaires assistant le condamné à mort brésilien ont été contactées par Jakarta qui leur a demandé d'être samedi à Cilacap, ville portuaire la plus proche de l'île de Nusakambangan, lieu du peloton d'exécution.
Condamnée à la peine capitale pour trafic de drogue, la domestique philippine Mary Jane Veloso a été transférée vendredi dans une prison de Nusakambangan, où Serge Atlaoui est incarcéré depuis sa condamnation à mort pour trafic de drogue en 2007.
Agé de 51 ans, le Français affirme qu'il n'a fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique, et qui abritait en réalité une fabrique clandestine d'ecstasy.
Dans une lettre adressée jeudi à son homologue indonésienne, dont l'AFP a eu une copie, M. Fabius a dénoncé le fait que Serge Atlaoui n'a "pas bénéficié du plein exercice de ses droits", "du fait de graves dysfonctionnements de la justice indonésienne".
Il a été victime d'un "traitement expéditif" et a été "condamné à mort par une décision qui comporte des affirmations erronées", a déploré le ministre français, réclamant à nouveau un "geste de clémence" pour le condamné.
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