La zone euro a mis vendredi la pression sur la Grèce, sommée d'"accélérer" les négociations avec ses créanciers, pour éviter une sortie de route, alors que les caisses du pays sont quasiment vides.
Au départ, la réunion des ministres de la zone euro à Riga était censée sceller un accord entre Athènes et ses créanciers, permettant de remettre sous perfusion financière le pays, privé de tout versement depuis août. En jeu, le versement d'une tranche vitale de 7,2 milliards d'euros bouclant les quelque 240 milliards déjà prêtés au pays depuis 2010.
Mais "les progrès dans les négociations techniques ne sont pas suffisants pour parvenir à un accord durant cet Eurogroupe", a estimé Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission en charge de l'Euro, confirmant ce que nombre de responsables laissaient entendre depuis des jours.
"Je ne pense pas que nous allons faire suffisamment de progrès aujourd'hui", a renchéri le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, à son arrivée à la réunion.
La Bourse d'Athènes bondissait de 4,43% vendredi à la mi-journée, les investisseurs espèrant malgré tout des avancées dans les tractations d'Athènes avec ses créanciers, même si aucun accord ne devrait intervenir vendredi.
Athènes et ses créanciers ont multiplié les réunions ces derniers jours, aux niveaux technique comme politique. De légères avancées ont été enregistrées, selon plusieurs sources, mais un accord est encore loin d'être en vue concernant la liste de réformes que le gouvernement de gauche radicale s'est engagé à faire avaliser par ses créanciers.
S'il ne s'est pas exprimé à son arrivée à la réunion, le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a jugé sur son blog que "les désaccords ne sont pas insurmontables".
"Notre gouvernement est prêt à rationaliser le système de retraites (par exemple en limitant les pré-retraites)" et "à mener des privatisations partielles", a-t-il relevé, citant deux des points de friction entre Athènes et ses partenaires.
Les discussions butent aussi sur un relèvement de certains taux préférentiels de TVA, et la dérégulation du marché du travail, érigés en "lignes rouges" par Athènes.
- Sentiment d'urgence -
Le temps reste pourtant compté, alors que la Grèce doit s'acquitter le 12 mai d'un remboursement de quelque 950 millions d'euros au FMI, avant de devoir verser salaires des fonctionnaires et retraites à la fin du mois.
Il y a "un sentiment d'urgence que nous voulons transmettre. Le message sera passé aux autorités grecques", a souligné Pierre Moscovici, le commissaire européen chargé des Affaires économiques. "Le message est +accélérons+", a-t-il encore insisté.
"Il y a un grand sentiment d'urgence", a renchéri Jeroen Dijsselbloem, le patron de l'Eurogroupe, estimant "plus important" pour les autorités grecques que pour la zone euro de trouver une solution rapidement, face au risque d'un défaut par accident.
A Athènes, le porte-parole du gouvernement Gabriel Sakellaridis a aussi affiché son impatience: "nous demandons que le problème de la liquidité soit résolu. Nous ne voulons plus du supplice de la goutte", a-t-il affirmé à la télévision Mega. "Le Grexit n'est pas notre choix", a-t-il ajouté, alors que les deux parties s'accusent de jouer la montre face à cette menace.
La veille, le Premier ministre grec Alexis Tsipras avait saisi l'occasion du sommet extraordinaire sur l'immigration à Bruxelles pour plaider sa cause auprès de la chancelière allemande, Angela Merkel, et du président français, François Hollande.
Il s'est affirmé "plus optimiste" après ces discussions, voyant un accord "plus proche qu'avant".
A Riga, M. Dijsselbloem a aussi affirmé avoir "eu vent de nouvelles positives la semaine dernière". "Mais je dois en savoir plus", a-t-il tempéré.
Le prochain Eurogroupe est prévu le 11 mai à Bruxelles. Un rendez-vous dès la semaine prochaine est évoqué, si une percée significative était enregistrée dans les discussions, selon une source européenne.
Mais désormais, "le moment crucial, c?est fin juin", quand le deuxième programme d'assistance financière pour la Grèce prendra fin, a souligné à l'AFP le ministre français des Finances, Michel Sapin.
"C'est la date butoir", a affirmé le ministre slovaque des Finances, Peter Kazimir.
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