Des diplomates étrangers et membres de familles de condamnés à mort en Indonésie se pressaient vendredi pour rendre visite à des détenus dont l'exécution est imminente, parmi lesquels un Français, en dépit de vives protestations internationales.
Les autorités indonésiennes ont demandé à des responsables consulaires de pays concernés par les exécutions de se rendre ce week-end au complexe pénitentiaire de Nusakambangan, "l'Alcatraz indonésien", où des détenus dans le couloir de la mort seront fusillés prochainement.
Ces détenus viennent "d'Australie, de France, du Brésil, des Philippines, du Nigeria", a déclaré un porte-parole du parquet général, Tony Spontana, ajoutant que le ministère public attendait toujours une décision de la Cour suprême concernant l'ultime recours d'un Indonésien en attente d'exécution.
"Nous espérons que la décision va être rendue le plus vite possible pour que nous puissions fixer le jour J", a-t-il ajouté en référence à la date des prochaines exécutions, après celles de janvier.
"Le but de ces exécutions imminentes, c'est la guerre contre la drogue", a souligné M. Spontana, faisant écho à des propos du président indonésien Joko Widodo, intransigeant sur les exécutions de condamnés à mort pour trafic de drogue.
Après avoir annoncé la veille que l'ordre avait été donné de préparer l'exécution de dix détenus dans le couloir de la mort, M. Spontana a souligné vendredi que la date serait notifiée aux condamnés au minimum 72 heures au préalable.
L'annonce de l'imminence des exécutions a provoqué de vives réactions diplomatiques, notamment de l'Union européenne et de la France. "L'Union européenne est totalement opposée à la peine de mort. Cela ne peut pas être une réponse au trafic de drogue", avait déclaré jeudi le président du Conseil européen, Donald Tusk, en marge d'un sommet à Bruxelles.
Le président français, François Hollande, avait pour sa part souligné qu'il fallait "tout faire jusqu'au dernier moment" pour que l'exécution du Français Serge Atlaoui n'ait pas lieu.
"L'abolition de la peine de mort est pour nous un principe essentiel () Pour Serge Atlaoui, la mort ne peut pas être la sanction", a-t-il dit.
- 'Je n'arrive pas à y croire' -
Chinthu Sukumaran, dont le frère Mury est l'un des deux Australiens en attente d'exécution, se prépare à se rendre d'urgence en Indonésie. "Je n'arrive pas à y croire, nous n'avons pas encore abandonné tout espoir", a-t-il déclaré au quotidien Sydney Morning Herald.
De leur côté, les autorités consulaires assistant le condamné à mort brésilien ont été contactées par Jakarta qui leur a demandé d'être samedi à Cilacap, ville portuaire la plus proche de l'île de Nusakambangan, lieu du peloton d'exécution.
Condamnée à la peine capitale pour trafic de drogue, la domestique philippine Mary Jane Veloso a été transférée vendredi dans une prison de Nusakambangan, où Serge Atlaoui est incarcéré depuis sa condamnation à mort pour trafic de drogue en 2007.
Agé de 51 ans, le Français affirme qu'il n'a fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique, et qui abritait en réalité une fabrique clandestine d'ecstasy.
Dans une lettre adressée jeudi à son homologue indonésienne, dont l'AFP a eu une copie, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a dénoncé le fait que Serge Atlaoui n'a "pas bénéficié du plein exercice de ses droits", "du fait de graves dysfonctionnements de la justice indonésienne".
Il a été victime d'un "traitement expéditif", et a été "condamné à mort par une décision qui comporte des affirmations erronées", a déploré M. Fabius.
Paris n'a cessé de hausser le ton depuis le rejet du dernier recours du Français mardi par la Cour suprême d'Indonésie, pour tenter de le sauver.
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