La cérémonie de canonisation des 1,5 million de victimes du génocide arménien, perpétré par les Turcs ottomans, a débuté jeudi en Arménie, à la veille des commémorations officielles du centenaire des massacres et malgré les critiques de la Turquie qui rejette le terme de génocide.
"Les âmes des victimes du génocide vont enfin trouver le repos éternel", s'est félicité Vardoukhi Chanakian, 68 ans, un employé des services sociaux de Erevan, la capitale arménienne.
L'office de canonisation est célébré par le chef de l'Eglise arménienne, le Catholicos Karékine II, à Etchmiadzin, à une vingtaine de kilomètres d'Erevan, dans un édifice datant du IVe siècle qui est considéré comme la cathédrale chrétienne la plus ancienne au monde.
Il s'agit de la canonisation la plus importante numériquement parlant jamais décidée par une Eglise chrétienne.
La cérémonie doit prendre fin à 19H15 (15H15 GMT), un choix symbolique en mémoire de 1915, l'année où le génocide a commencé.
Juste après, les cloches sonneront dans toutes les églises arméniennes à travers le monde et une minute de silence sera observée.
L'Eglise apostolique arménienne a appelé tous les Arméniens à "participer pieusement à cet événement historique".
En canonisant ces victimes, "l'Eglise ne fait que reconnaître les faits, c'est à dire le génocide", a déclaré Karékine II.
"Pour nous, Arméniens, c'est une obligation morale et un droit de nous souvenir de 1,5 million des nôtres qui ont été tués et des centaines de milliers de personnes qui ont subi des privations inhumaines", a souligné pour sa part le président arménien Serge Sarkissian.
Vendredi, des millions de personnes à travers le monde, dont plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement, vont rendre hommage aux victimes de ces massacres qui ont débuté il y a 100 ans.
"Cette canonisation réunit tous les Arméniens de la planète", a déclaré à l'AFP Khouri Avetikian, une bibliothécaire d'origine arménienne, venue spécialement du Liban pour assister à l'office.
- 'Injure au peuple turc' -
Les Arméniens estiment que 1,5 million de personnes ont été tuées de manière systématique entre 1915 et 1917, lors des dernières années de l'Empire ottoman, et une vingtaine de pays, parmi lesquels la France et la Russie, ont reconnu qu'il s'agissait là d'un génocide.
La Turquie récuse ce terme et évoque pour sa part une guerre civile en Anatolie, doublée d'une famine, dans laquelle 300 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.
Des centaines de milliers de personnes sont attendues vendredi à Erevan pour une cérémonie commémorative au Mémorial des victimes du génocide arménien. Parmi les invités, les présidents russe Vladimir Poutine et français François Hollande.
Des cérémonies commémoratives organisées par de nombreuses diasporas arméniennes auront également lieu de Los Angeles à Stockholm, en passant par Paris et Beyrouth.
A deux jours de la date anniversaire, le Parlement autrichien a observé mercredi une minute de silence en mémoire du génocide arménien, une première dans ce pays, allié à l'époque à l'empire ottoman.
Ce geste a provoqué la fureur de la Turquie qui a dénoncé une "injure au peuple turc contraire aux faits" et rappelé en consultation son ambassadeur en Autriche.
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