Les enquêteurs s'activaient jeudi, au lendemain de la révélation d'un attentat déjoué contre des églises de Villejuif, pour mettre au jour les éventuelles complicités et soutiens logistiques dont a pu bénéficier le suspect Sid Ahmed Ghlam, muré dans le silence.
Moins de quatre mois après les attaques jihadistes de Paris, un attentat "imminent" contre "une ou deux églises" catholiques vient selon les autorités d'être évité avec l'arrestation fortuite d'un homme par ailleurs soupçonné d'être impliqué dans un meurtre inexpliqué commis en banlieue parisienne.
Cet Algérien, Sid Ahmed Ghlam, étudiant de 24 ans, arrêté dimanche matin à Paris et placé en garde à vue médicalisée à l'Hôtel Dieu, est connu des services de renseignement pour ses "velléités de départ en Syrie" dans les rangs jihadistes, a annoncé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Selon le procureur de Paris, François Molins, le suspect, qui avait chez lui des documents sur les "organisations terroristes Al-Qaïda et Etat islamique", a évoqué les "modalités de commission d'un attentat" avec une personne "pouvant se trouver en Syrie". Cette dernière lui a demandé "explicitement de cibler particulièrement une église".
Dans le véhicule et au domicile du suspect, la police a découvert un "arsenal composé notamment de plusieurs armes de guerre, d'armes de poing, de munitions, de gilets pare-balle", a ajouté Bernard Cazeneuve.
Mais le ministre a balayé toute défaillance des services de renseignement. Des "vérifications sur l'environnement" de l'étudiant en 2014 et 2015 n'ont pas justifié "l'ouverture d'une enquête judiciaire", a-t-il expliqué.
La Direction générale de la sécurité intérieure, qui l'a notamment convoqué après un possible voyage en Turquie, "a fait tout ce qu'elle doit faire dans ces circonstances", a-t-il assuré sur TF1.
L'arrestation de Sid Ahmed Ghlam a pourtant été totalement fortuite. L'étudiant algérien a lui-même appelé le Samu dimanche à 08H50, se disant "blessé par balle à la suite d'un vol avec arme" dans le XIIIe arrondissement de Paris, selon le procureur. Les enquêteurs n'excluent pas qu'il se soit blessé tout seul avec une de ses armes.
Les policiers trouvent alors, à proximité, sa voiture et, à l'intérieur, un gyrophare, une partie de l'arsenal et des traces de sang. Suit une perquisition dans sa chambre étudiante.
D'autres perquisitions ont aussi été réalisées dans son entourage, notamment à Saint-Dizier, dans le quartier sensible du Vert-Bois où une femme âgée de 25 ans, vêtue d'une burqa, a été interpellée.
Arrivé avec sa famille en 2001 dans cette ville de Haute-Marne, Sid Ahmed Ghlam est retourné en Algérie en 2003 où il a passé son baccalauréat en 2010, a détaillé François Molins. Revenu en France, ce célibataire sans enfant a entamé des études d'électronique.
- Identifier d'éventuels soutiens -
L'enquête antiterroriste dirigée par le parquet de Paris devra déterminer les éventuelles complicités dont il a bénéficié, ses sources de financement et la provenance de son arsenal.
Les enquêteurs ont fait un recoupement troublant entre l'étudiant et le meurtre d'une Nordiste de 32 ans, Aurélie Châtelain, retrouvée tuée d'une balle dans sa voiture dimanche matin à Villejuif.
Selon le procureur, le suspect avait fait des recherches sur les églises de cette banlieue proche de Paris.
"Il y avait des sites qui avaient été identifiés, des distances qui avaient été évaluées entre le commissariat et ces églises, et par conséquent on a estimé qu'il était possiblement sur le chemin de la commission de ces actes au moment où il a procédé au crime d'Aurélie Chatelain", peut-être pour lui voler sa voiture, a indiqué Bernard Cazeneuve.
Selon le procureur, l'exploitation du GPS du suspect atteste également de sa présence dans cette ville du Val-de-Marne, à l'heure où la jeune femme a été tuée. La balle a été tirée avec un revolver du suspect, dont l'ADN a aussi été trouvé dans le véhicule d'Aurélie Châtelain.
La garde à vue de Sid Ahmed Ghlam peut être prolongée jusqu'à six jours, une durée exceptionnelle que la loi n'autorise que face au "risque sérieux de l'imminence d'une action terroriste".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.