Le président français, François Hollande, a admis pour la première fois mercredi que la France pourrait être amenée à "rembourser" les sommes déjà versées par la Russie pour l'acquisition de deux navires de guerre Mistral, dont la livraison est suspendue depuis novembre en raison de la crise ukrainienne.
"Selon les différentes hypothèses, vous aurez paiement ou remboursement", a déclaré le chef de l'Etat, qui doit retrouver vendredi son homologue russe, Vladimir Poutine, à Erevan, en marge des célébrations du centenaire du génocide arménien.
François Hollande était interrogé lors d'un point de presse commun avec le président ukrainien, Petro Porochenko, qui effectuait mercredi sa première visite officielle en France. "Pour l'instant, je l'ai dit, la livraison du Mistral n'est pas possible", a réaffirmé le président français, ce dont s'est d'ailleurs félicité son homologue ukrainien.
Dimanche déjà, François Hollande avait indiqué que Paris et Moscou étaient "en train de négocier pour trouver une solution de sortie de crise" sur la question du Mistral.
Et 72 heures plus tôt, le maître du Kremlin avait clairement signifié que la Russie entendait être remboursée par Paris des sommes déjà versées pour ce contrat, évalué à près d'1,2 milliard d'euros et conclu en juin 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Sur cette somme, Moscou a déjà versé 800 millions d'euros, selon une source proche du dossier.
"Je pars du principe que les autorités françaises, les Français, étant des gens corrects, ils nous rendront l'argent", a déclaré Vladimir Poutine qui répondait aux questions de ses concitoyens à la télévision russe comme il le fait chaque année, expliquant qu'il n'avait pour autant pas "l'intention d'exiger des pénalités excessives".
- Navires de guerre polyvalents -
"Si les bateaux ne sont pas livrés, je ne vois pas comment ils peuvent être payés, c'est quand même un principe assez simple", lui a en quelque sorte répondu mercredi le président Hollande, insistant: "soit vous livrez et vous êtes payés, soit vous ne livrez pas et vous devez rembourser ce qui a été payé et, en tout cas, vous ne pouvez pas demander à être payés en plus".
"De ce point de vue-là, avec le président Poutine, nous sommes parfaitement au clair et donc, selon les différentes hypothèses, vous aurez paiement ou remboursement", a-t-il ajouté.
Paris avait annoncé fin novembre le report "jusqu'à nouvel ordre" de la livraison du premier de ces bâtiments de projection et de commandement (BPC) construits par STX à Saint-Nazaire.
Les Occidentaux accusaient alors la Russie de soutenir les rebelles armés pro-russes qui tiennent une partie de l'est de l'Ukraine, la soupçonnant même d'avoir engagé des éléments armés sur le terrain.
La France a depuis lors répété que les conditions de la livraison n'étaient "toujours pas réunies" tandis que Moscou menaçait de lancer des procédures devant des cours d'arbitrage international.
Le premier de ces navires, le "Vladivostok" devait être initialement remis à Moscou à la mi-novembre 2014 mais il est toujours stationné à Saint-Nazaire, tout comme le second, le "Sébastopol", du nom du port abritant la flotte russe en Crimée, la péninsule ukrainienne annexée il y a un an par la Russie.
Ces navires de guerre polyvalents peuvent transporter des hélicoptères, des chars ou des chalands de débarquement et accueillir un état-major embarqué ou un hôpital.
A la mi-décembre, les quelque 400 marins russes qui étaient venus à Saint-Nazaire pour se former et récupérer le Vladivostok avaient regagné la Russie sans lui, à bord du bateau-école Smolny qui les avaient conduits six mois plus tôt dans le port français.
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