Le frère et le beau-père du policier tué après les attentats de Boston ont raconté mercredi dans une salle d'audience émue aux larmes leur vie brisée, laissant de marbre l'accusé Djokhar Tsarnaev qui risque la peine de mort.
Sean Collier, 27 ans, policier en faction sur le campus du Massachusetts Institute of Technology (MIT), avait été tué dans sa voiture le 18 avril 2013 par les frères Tsarnaev, qui voulaient lui voler son arme.
"Ces deux dernières années ont été terribles", a raconté Joe Rogers, 58 ans, le beau-père du jeune policier, ajoutant que la famille recomposée, très soudée, qui compte six enfants adultes, ne s'en était pas remise.
Une femme jurée s'est mise à pleurer, quand il a raconté le coup de téléphone annonçant sa mort, la course à l'hôpital. "Tous les enfants sont venus." Dans une pièce, le corps ensanglanté. "Il avait un trou au milieu de la tête, il avait été mis en pièces", a raconté M. Rogers.
Tsarnaev, 21 ans, en veste marron et chemise blanche, ne lui a pas lancé un regard, imperturbable comme depuis le début du procès en mars. Il regardait le sol ou droit devant lui, tripotant parfois sa barbiche et ses cheveux.
"Quelqu'un nous manque, Noël et Thanksgiving ne seront plus jamais les mêmes", a ajouté M. Roberts.
- Photos insoutenables -
"C'est une perte énorme pour moi et ma famille, pour le reste de notre vie", a aussi déclaré Andrew Collier, 27 ans, le plus jeune frère du policier. "Il me manque en tout", a-t-il ajouté, racontant la générosité de son aîné, son sens du devoir, le fait qu'il avait toujours voulu devenir policier.
"C'était une boussole morale", a-t-il résumé.
Les procureurs ont montré des photos de Sean et Andrew enfants en pyjama, avec chacun une peluche, des photos de fêtes de famille, du mariage de sa soeur, ou encore de Sean Collier dans sa voiture de police.
Cette deuxième partie du procès, entamée mardi, doit permettre aux jurés de décider de la peine de Tsarnaev, exécution ou réclusion à perpétuité. Ils l'avaient reconnu coupable le 8 avril dernier des 30 chefs d'accusation retenus contre lui.
Le jeune musulman d'origine tchétchène, étudiant au moment des attentats, citoyen américain depuis 2012, n'a jamais montré la moindre émotion. Enfoncé dans sa chaise, il est placé de façon à tourner le dos au public, assis entre ses deux avocates. Les personnes appelées à la barre sont à sa droite, les jurés à sa gauche, mais Tsarnaev regarde droit devant lui. Parfois, il discute avec ses avocates.
Mercredi, le chef de la police du MIT, John DiFava, a aussi témoigné de l'infini respect qu'il avait pour Sean Collier, pour sa "force de caractère", et du "chagrin" qui perdurait depuis sa mort.
"Cela va prendre du temps", a-t-il ajouté, expliquant qu'il se demandait désormais parfois "s'il voulait continuer" dans la police.
Une victime de 67 ans, Eric Walley, a aussi raconté ses opérations à répétition, après avoir été grièvement blessé dans les attentats. Des photos parfois difficiles à regarder de ses blessures ont été montrées aux jurés.
Mardi, les procureurs avaient décrit Tsarnaev comme "le pire cauchemar de l'Amérique", affirmant qu'il méritait la peine de mort.
Ils avaient montré une photo de lui, jamais vue auparavant, en tenue orange de prisonnier, faisant un doigt d'honneur à une caméra de surveillance, alors qu'il attendait en cellule d'être inculpé, trois mois après les attentats.
"C'est Djokhar Tsarnaev. Imperturbable, sans remords, et inchangé", avait affirmé la procureure Nadine Pellegrini.
Cette deuxième partie de procès doit durer quatre semaines, à l'issue desquelles l'unanimité des 12 jurés est requise pour la une condamnation à la peine capitale.
La défense doit s'exprimer la semaine prochaine, avant de présenter ses témoins.
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