Cela ressemble à un repas dans un restaurant de luxe, avec une vue spectaculaire sur les Alpes et des serveurs en tenue amidonnée versant un grand cru et détaillant aux convives un menu complexe. Mais il n'en est rien.
Les serveurs, les convives en tenue habillée et même l'équipe en cuisine élaborant des assiettes soignées sont en fait des étudiants de l'une des célèbres écoles hôtelières de Suisse.
"Cela fait partie de leur apprentissage", explique Stéphane Bernard, professeur à l'école de Glion sur les hauteurs de Montreux, ville pittoresque des rives du lac Léman, dans la région touristique appelée la Riviera.
Cet établissement fait partie des trois meilleures écoles hôtelières au monde, qui sont toutes suisses - comme depuis plus d'un siècle - et attirent des étudiants de tous les continents.
Mais ces écoles sont confrontées à une série de nouveaux défis, dont la concurrence grandissante d'écoles moins chères créées en Asie, au Moyen-Orient et ailleurs dans le monde.
En outre, la flambée du franc suisse intervenue en début d'année a renchéri de 20% les frais de scolarité pour les étudiants venant de la zone euro. Des parents d'élèves ont demandé des réductions de prix mais les écoles suisses ont refusé.
"Je ne le ferai jamais car la hausse de la qualité est plus importante que la hausse des prix", explique Michel Rochat, qui dirige l'École hôtelière de Lausanne (EHL), où 60% des étudiants sont étrangers.
Première école hôtelière au monde à avoir ouvert ses portes en 1893, l'EHL est toujours en tête du classement mondial et facture aux étudiants étrangers près de 150.000 francs suisses (145.000 euros) pour trois années d'études supérieures, contre moins de la moitié pour les ressortissants suisses, en partie subventionnés par l'Etat.
- Standards 'au top' et prix conséquents -
Loin de baisser les tarifs, M. Rochat pense au contraire les augmenter en septembre pour amortir les frais liés à la remise à jour chaque année du programme d'études, une nécessité pour garder son rang mondial.
Plus largement, il estime que la réputation de la Suisse pour son innovation et son excellence, ses paysages spectaculaires, son économie stable et le nombre important d'hôtels de luxe ne peuvent être égalés.
"Nous serons toujours au top d'ici 100 ans", dit M. Rochat.
Palita Lee, une étudiante de l'école de Glion originaire de Thaïlande, est d'accord: "en Suisse, les standards sont vraiment au top", estime la jeune fille de 19 ans, avant de suggérer un vin adéquat pour accompagner le poulet commandé par ses camarades de classe.
Tous ces étudiants travaillent durement pour accomplir leurs tâches de manière professionnelle, mais leur ambition n'est pas de devenir serveur ou cuisinier : ils veulent appartenir au cercle des cadres hôteliers.
"L'important, c'est d'être passé partout de façon à appréhender les besoins de chaque métier, de chaque service. Ensuite, c'est à eux de faire en sorte que l'amalgame entre les différentes personnalités puisse fonctionner", explique Alain Brunier, président de l'Association suisse des écoles hôtelières et directeur de l'École hôtelière de Genève (EHG).
Palita Lee souhaiterait un travail de gestion dans une grande chaîne hôtelière, pour voyager dans le monde entier.
Son camarade de classe Federico Pironti, un Austro-italien de 20 ans, a des ambitions plus hautes: "mon grand rêve est d'avoir mes propres hôtels et non pas d'en gérer. Je voudrais avoir une chaîne d'hôtels, c'est un rêve coûteux", dit-il en souriant et en préparant des desserts sous l'?il de son professeur.
A l'école de Glion, entièrement privée, le programme de trois ans et demi d'études coûte 185.000 CHF (180.000 euros), logement, repas et assurance compris. Les Suisses paient jusqu'à 45% de moins. Les étudiants de cette école sont toutefois essentiellement des étrangers: plus de 100 nationalités sont représentées, les Français en tête, suivis par les Chinois et les Russes.
- Voyager de Shanghai à Dubaï -
Le prix de la scolarité est élevé mais c'est un bon investissement pour ces étudiants, assure M. Brunier, en soulignant les nombreuses options qui s'offrent ensuite à eux, au contraire de certains diplômés d'autres secteurs confrontés, eux, au chômage et à l'incertitude.
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