La France a rapidement réagi à l'annonce mardi du rejet par la Cour suprême d'Indonésie de l'ultime recours d'un Français condamné à mort pour trafic de drogue, espérant "un geste de clémence" des autorités indonésiennes.
Incarcéré depuis dix ans dans ce pays d'Asie du Sud-Est, Serge Atlaoui pourrait être fusillé dans les prochaines semaines et de devenir le premier Français à être exécuté depuis près de 40 ans.
La France "continue à espérer un geste de clémence", a réagi mardi le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui a averti qu'une exécution de Serge Atlaoui aurait des "conséquences" sur les relations bilatérales.
Parallèlement, l'un des frères de Serge Atlaoui, André, a appelé le président François Hollande et l'Union européenne à "mettre tout en ?uvre" pour sauver ce Français, arrêté en 2005 dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy près de Jakarta et condamné deux ans plus tard à la peine capitale.
Se disant "anéantie", l'épouse du condamné, a déclaré à RTL : "Je relance un appel très fort à ce que la France intervienne, que le gouvernement français soit là".
"J'appelle la présidence indonésienne à la grâce Il faut que les gens se mobilisent On a toujours gardé espoir et on va garder espoir. Les juges ont décidé, nous on n'a pas encore décidé que c'était fini!", a ajouté Mme Atlaoui, interrogée depuis l'Indonésie.
Cet artisan soudeur de 51 ans s'est toujours défendu d'être un trafiquant de drogue, affirmant qu'il n'avait fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique alors qu'il s'agissait d'un laboratoire clandestin de fabrication d'ecstasy.
L'affaire avait fait grand bruit en Indonésie, pays dont la législation antidrogue est l'une des plus sévères du monde.
- Toutes les demandes de grâce rejetées -
Le Français avait saisi la Cour suprême, espérant obtenir un procès en révision, car il estimait qu'il ne méritait pas la peine de mort. Mais son ultime recours a été rejeté en dépit de l'avis favorable émis par le tribunal de la banlieue de Jakarta qui avait examiné le dossier avant de le transmettre à la Cour suprême.
"Il n'y a pas de nouveaux éléments, et les raisons avancées dans le recours ne peuvent pas effacer le crime commis par le condamné", a déclaré à l'AFP le juge Suhadi, indiquant que le recours avait été rejeté par une formation collégiale de trois magistrats dont il a fait partie.
Si Serge Atlaoui était passé par les armes, il serait le premier Français à être exécuté en 38 ans, selon l?ONG Ensemble contre la peine de mort (ECPN).
Michel Tubiana, président d'honneur de la Ligue des Droits de l'Homme a eu "une réaction d'horreur" dénonçant "ce crime d'Etat qu'est la peine de mort".
Marié et père de quatre enfants, Serge Atlaoui pourrait être exécuté en même temps que d'autres étrangers - d'Australie, des Philippines, du Brésil et du Nigeria - également condamnés à mort pour trafic de drogue.
Tous ont vu leur demande de grâce rejetée par le président Joko Widodo, qui a pris ses fonctions en octobre dernier. Il avait fait savoir qu'aucune clémence ne serait accordée aux condamnés à la peine capitale pour drogue, expliquant que la consommation de produits stupéfiants faisait des centaines de morts chaque année dans l'archipel.
- "On est très inquiets" -
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