8H46, un brusque coup de frein puis le choc: un train régional a percuté mardi à plus de 130 km/h un semi-remorque resté coincé sur un passage à niveau à l'entrée de la gare de Nangis (Seine-et-Marne), faisant trois blessés graves.
"La remorque ne passait pas, le chauffeur essayait d'avancer et de reculer" pour la dégager puis il est "descendu pour essayer de remonter les suspensions", a raconté à l'AFP Saïd, qui était au volant de sa camionnette, derrière le semi-remorque, au moment de l'accident.
"Les barrières se sont refermées et, trente secondes plus tard, on a entendu un +boum+ énorme."
L'Intercités, qui effectuait la liaison Belfort-Paris avec près de 350 personnes à son bord, a heurté de plein-fouet le semi-remorque qui convoyait un tracteur. Sous la violence de l'impact, la remorque a été désintégrée, le tracteur soulevé et un soc de charrue projeté à une cinquantaine de mètres plus loin, sur le parking de la gare.
Dans le train, qui a déraillé mais ne s'est pas couché, les passagers ont été projetés à l'intérieur des wagons.
Le bilan est de trois blessés "graves", dont le conducteur du train, et sept blessés plus légèrement, a déclaré à l'AFP un porte-parole de la préfecture de Seine-et-Marne.
Quai "défoncé", rails sectionnés, vitres soufflées: au vu de l'ampleur des dégâts, "on a échappé à une catastrophe qui aurait pu être bien plus grave", a reconnu le maire (PCF) de la commune, Michel Billout.
La circulation ferroviaire a été coupée entre Paris-Est et Belfort dans les deux sens et la SNCF a mis en place des navettes entre Longueville, Verneuil et Tournan-en-Brie (RER E). Les travaux de remise en état des quais et des voies devraient prendre au moins une semaine.
En cette heure matinale où de nombreux habitants de ce département situé à l'est de Paris attendent leur train pour aller travailler, les quais étaient en grande partie vides. Le passage d'un train, peu de temps avant l'accident, et l'initiative d'un pompier, témoin de la scène qui a rapidement fait évacuer les lieux, ont pu éviter de faire davantage de victimes.
Il a eu "le très bon réflexe", a salué mardi le président de la SNCF, Guillaume Pépy, qui s'est rendu sur place avec le secrétaire d?État aux Transports Alain Vidalies.
En milieu de journée, les enquêteurs étaient toujours à pied d??uvre, faisant voler un drone au-dessus de la scène de l'accident.
Une enquête technique, confiée au Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEATT), et une enquête préliminaire, confiée par le parquet de Melun à la section de Recherches de la gendarmerie de Paris, spécialisée dans les accidents collectifs, ont été ouvertes.
- Sécurité des passages à niveau -
Cette dernière devra notamment déterminer "si le convoi exceptionnel était autorisé à franchir le passage à niveau", situé dans une zone urbaine, a souligné M. Pépy, précisant que le train roulait "entre 130 et 140 km/heure", soit en deçà de la vitesse maximale autorisée, 140 km/heure.
Dix jours après l'incident du Paris-Roubaix, quand des cyclistes ont traversé les voies malgré l'abaissement des barrières quelques secondes avant le passage d'un TGV, cet accident a relancé le débat sur la sécurité des passages à niveau.
Interpellé à ce sujet, Guillaume Pépy a affirmé que "97% des accidents de passage à niveau sont des accidents routiers", causés "dans leur immense majorité par l'imprudence des conducteurs".
Selon M. Vidalies, ce passage à niveau, fréquenté quotidiennement par 5.000 véhicules, n'avait pas "de difficulté particulière" et était "en bon état de service".
Le réseau routier de la Seine-et-Marne (4.400 km) compte 59 passages à niveau, dont 3 sont considérés comme dangereux.
Mais pour Didier Le Reste, ex-patron de la CGT-Cheminots et vice-président de Convergence Rail, collectif de comités d'usagers, élus et syndicalistes, ce nouvel accident repose "la question de l'humain", car "quand il y avait une gestion manuelle, il y avait moins d'accidents" selon lui.
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