A peine ouvert lundi, le procès des dirigeants du parti néonazi grec Aube dorée, jugés pour appartenance à une "organisation criminelle", a été suspendu jusqu'au 7 mai pour des raisons de procédure.
L'audience a été ajournée car l'un des 69 accusés de ce procès, membres ou sympathisants d'Aube dorée, n'avait pas d'avocat pour assurer sa défense.
Parallèlement, certains avocats devaient se passer de la présence de leurs clients, les dirigeants du parti n'ayant pas voulu assister à l'ouverture de ce procès fleuve devant le tribunal spécialement aménagé au sein de la prison de Korydallos, dans la banlieue ouest d'Athènes.
"Il n'y a pas de ligne officielle du parti sur ce sujet, chacun fait selon sa conscience, moi j'ai choisi de venir chaque fois que je le pourrai", a déclaré à la sortie de l'audience Artemios Matthaiopoulos, seul des treize députés Aube dorée poursuivis à s'être présenté devant la cour.
Ces absences ne devraient pas empêcher le procès, prévu pour durer de longs mois, de se tenir et les accusés d'être représentés par leurs avocats s'ils persistent à ne pas vouloir comparaître.
"Les membres d'Aube dorée fuient la justice, un autre accusé a déclaré ne pas avoir d'avocat, c'était une tactique pour obtenir un report. Mais le 7 mai, nous serons de nouveau là et le procès aura lieu", a assuré Dimitris Zotos, l'un des avocats des parties civiles.
Le fondateur et dirigeant d'Aube Dorée, Nikos Michaloliakos, 57 ans, et sa garde rapprochée devaient comparaître libres, après avoir effectué 18 mois de détention provisoire avant d'être relâchés fin mars. Même des cadres du parti actuellement incarcérés, dont son porte-parole Ilias Kasidiaris, ne se sont pas présentés devant le tribunal composé de trois juges.
Au total, une quarantaine des 69 accusés étaient présents. Le nombre de témoins s'élève à 300 dont 130 sont de la partie civile.
Pour l'accusation, Michaloliakos est aux commandes d'une "organisation criminelle" qui depuis 2008 a déchaîné sa violence contre les étrangers et contre ses opposants politiques.
- Antiracistes mobilisés -
"Les membres d'Aube dorée ne veulent pas ce procès. Depuis des mois il disent, +regardez, ils ne nous jugent pas, ça veut dire que nous sommes innocents+. Le procès doit avoir lieu vite", estimait Pantelis Gabrielidis, 29 ans, venu manifester devant la prison à l'appel des organisations antiracistes.
Plusieurs centaines de manifestants avaient fait le déplacement dès les premières heures de la matinée pour demander "la condamnation des assassins néonazis".
Non loin de leur rassemblement, des supporters d'Aube dorée agitaient des drapeaux grecs, sans faire entendre de slogan, ni l'habituel cri de ralliement du parti "Sang, honneur, Aube dorée".
Les antiracistes ont affirmé avoir été attaqués par les partisans d'Aube dorée à proximité du tribunal, des accusations sur lesquelles la police enquête.
A l'intérieur de la salle d'audience, les regards étaient notamment tournés vers la famille de Pavlos Fyssas, un jeune rappeur antifasciste poignardé en septembre 2013 près d'Athènes par un militant du parti néonazi.
Sa mort avait provoqué un électrochoc qui a réveillé l'opinion publique et déclenché une vaste offensive judiciaire contre Aube dorée après des années de relative passivité face à des agressions dirigées, entre autres, contre des immigrés.
Les auteurs présumés du meurtre de Fyssas et de deux autres attaques imputées à Aube dorée -tentative de meurtre de quatre pêcheurs égyptiens en juin 2012, attaque de syndicalistes communistes en septembre 2013- seront jugés au cours du procès.
Le quatrième volet de l'audience se penchera sur le caractère d'"organisation criminelle" du parti, et devra prouver que la structure extrêmement hiérarchisée d'Aube dorée fait porter la responsabilité des violences sur ses dirigeants, même s'ils ne sont pas poursuivis pour avoir eux-même porté des coups.
Le crime de direction d'organisation criminelle est passible de vingt ans de prison. En cas de condamnation se posera la question de la légalité et de l'avenir du parti.
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