Les dirigeants du parti néonazi grec Aube dorée troquent lundi les bancs du parlement pour le box des accusés dans un procès historique qui s'ouvre près d'Athènes afin de déterminer si le mouvement s'apparente à une organisation criminelle.
Signe de l'importance de l'audience, quatre rassemblements à l'initiative de la mouvance antiraciste sont prévus avant l'ouverture du procès, vers 06h00 GMT pour appeler à la condamnation des 69 accusés.
Certains d'entre eux sont placés en détention provisoire dans la prison de Korydallos, dans la banlieue ouest d'Athènes, où une salle spécialement aménagée accueille le début du procès qui pourrait rapidement être délocalisé dans un lieu plus vaste et plus central.
D'autres comparaissent libres. C'est le cas du fondateur et dirigeant d'Aube dorée Nikos Michaloliakos remis en liberté surveillée fin mars après 18 mois de détention provisoire.
Ce petit homme replet de 57 ans, à l'allure de terne rond-de-cuir mais qui vocifère plus qu'il ne parle, concentre l'attention en raison de son rôle prédominant dans le parti qu'il a créé dans les années 80 et dont il n'a jamais lâché les rênes.
Pour l'accusation, il est aux commandes d'une "organisation criminelle" qui depuis 2008 a déchaîné sa violence contre les étrangers et contre ses opposants politiques.
Le crime de direction d'organisation criminelle est puni de vingt ans de prison. Etroitement liée à l'aspect pénal, la question de la légalité du parti, dont 13 des 17 députés sont jugés, apparaît en filigrane de l'audience.
Entré pour la première fois au Parlement en 2012, Aube Dorée est arrivé en troisième position des législatives de janvier remportées par Syriza, au terme d'une campagne électorale sans les démonstrations de force habituelles.
- Quelle légalité ? -
Cultivant désormais le profil bas, Nikos Machaloliakos défendait cette semaine sa formation comme étant "un mouvement nationaliste", "parti politique légal" et pas "une organisation criminelle".
Les mois d'enquête judiciaire sur le parti ont cependant été accompagnés d'un grand déballage médiatique qui a mis au jour de nombreux documents photos et vidéos, des témoignages de repentis décrivant le fonctionnement des "sections d'assaut" du parti, leurs raids nocturnes à moto pour "casser" de l'étranger, les camps d'entraînement à la campagne avec maniement de Kalachnikov.
Au domicile du numéro 2 d'Aube dorée, Christos Pappas, la police avait découvert un véritable petit musée du nazisme, déclinant les croix gammée et portraits d'Hitler sur toutes sortes de supports.
Mais "nous ne demandons pas la condamnation des accusés pour des motifs idéologiques, ce sont des faits qu'il faut juger, ceux de la vague de violence raciste qu'a connue le pays depuis 2008", insistent les avocats des parties civiles.
C'est le meurtre d'un jeune rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, poignardé en septembre 2013 près d'Athènes par un militant du parti néonazi qui avait déclenché l'offensive judiciaire contre Aube Dorée.
L'événement a été l'électrochoc qui a réveillé l'opinion publique et la classe politique après des années de relative passivité face à des agressions dirigées, entre autres, contre des immigrés.
Trois de ces attaques, et leurs auteurs présumés, seront jugés au cours du procès.
Il s'agit du meurtre de Fyssas, de la tentative de meurtre de quatre pêcheurs égyptiens en juin 2012, et de l'attaque de syndicalistes communistes en septembre 2013.
Le caractère "d'organisation criminelle" du parti constituera le quatrième volet du procès, celui où il faudra prouver que la structure extrêmement hiérarchisée d'Aube dorée fait porter la responsabilité de toutes ces violences à son équipe dirigeante.
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