Face à un nouveau drame avec le naufrage d'un bateau de migrants en Méditerranée dans la nuit de samedi à dimanche qui aurait fait près de 700 morts, l'Union européenne envisage prochainement un sommet extraordinaire, a indiqué dimanche le président du Conseil européen, Donald Tusk.
"Je vais poursuivre les discussions avec les dirigeants européens, la Commission et le service diplomatique de l'UE sur la façon de remédier à la situation", a indiqué sur son compte Twitter M. Tusk. Il prendra "une décision sur la possible tenue d'un sommet extraordinaire, après ces consultations", a précisé son porte-parole à l'AFP.
Le Premier ministre italien Matteo Renzi avait réclamé un tel sommet européen d'urgence, de préférence avant la fin de la semaine prochaine alors qu'une réunion d'urgence entre ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères de l'UE doit avoir lieu dans les prochains jours à une date non encore fixée.
La Commission européenne, qui prépare une nouvelle stratégie sur l'immigration qui doit être adoptée mi-mai, a souligné que "des vies humaines sont en jeu, et l'Union européenne dans son ensemble a l'obligation morale et humanitaire d'agir".
"Tant que les pays d'origine et les pays de transit ne prendront pas des mesures pour éviter ces traversées désespérées, des gens continueront à mettre leur vie en péril. Une grande partie de notre approche est de travailler avec les pays tiers", a insisté l'exécutif européen.
Ainsi la chef de la diplomatie de l'UE, l'Italienne Federica Mogherini, a annoncé que la question sera à l'agenda de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE lundi à Luxembourg. "Je vais présenter une série de propositions concernant la Libye, une des principales routes du trafic illégal de migrants", a-t-elle indiqué.
Les chefs de la diplomatie des 28 doivent notamment discuter de l'assistance éventuelle de l'UE à un gouvernement d'unité nationale actuellement en pourparlers en Libye, seule garantie à leurs yeux de stabilité et de réconciliation politique, et seul moyen d'endiguer le flot de migrants alors que les passeurs profitent du chaos ambiant.
- 'Régler le problème à la racine' -
Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, a de son côté averti qu'il en va de la "crédibilité" de l'Europe. "Nous Européens, nous risquons notre crédibilité si nous ne sommes pas capables d'éviter ces situations dramatiques qui se produisent tous les jours", a-t-il souligné.
Berlin et Paris ont appelé à intensifier la lutte contre les passeurs.
"Toutes les polices d'Europe et les autorités chargées de surveiller les frontières doivent mobiliser l'ensemble de leurs forces pour lutter contre les bandes de passeurs criminelles qui font des affaires avec la misère humaine", a déclaré le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel.
Le président français François Hollande a exhorté les pays de l'UE à agir en renforçant "le nombre de bateaux" de surveillance et en proposant "plus de survols" aériens en Méditerranée.
En revanche, le Premier ministre italien Matteo Renzi, a estimé que "ce n'est pas avec dix bateaux de plus ou de moins" que le problème sera réglé.
"Si on ne parvient pas à régler le problème à la racine, on ne réussira jamais à le résoudre", a-t-il déclaré devant la presse, ajoutant que ce trafic d'êtres humains était une "plaie" pour le continent européen.
"On ne parle pas de choses banales, mais bien de vies humaines", a-t-il déclaré dimanche au cours d'une conférence de presse, à l'issue d'une réunion avec les ministres des Affaires étrangères, de la Défense et de l'Intérieur de son pays qui est l'un de ceux en première ligne pour l'accueil de ce nouvel afflux de réfugiés.
Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, de son côté, a exhorté l'Europe à prendre des "initiatives diplomatiques pour un règlement pacifique du conflit en Syrie, en Irak et en Libye", d'où sont issus une grande partie des migrants.
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